Lettrages en 3D, anamorphoses, des influences directement sorties de Metal Hurlant… Dans l’Est de la France, Valer multiplie les expérimentations sur mur, en solo mais aussi en équipe avec ses partenaires Scaf et Abys.

Direction Nancy, à la rencontre de Valérian.

Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Valérian et je pose Valer en terrain depuis 2003.

Quand as-tu commencé ?

Fin 1996, début 1997, j’avais 16 ans. Je m’en souviens encore, c’était vraiment puissant comme délire. J’ai tout de suite accroché.

Où ?

Dans l’Est de la France, surtout à Nancy et ses environs dont je suis originaire.

Avec qui ?

Comme beaucoup, avec des potes du lycée dans un premier temps, avant de connaître les plus actifs et productifs de notre scène locale : SDN, DCB, A31, OFF, PAM…

Comment ?

En vandale avec de bonnes doses d’adrénaline et de nuits blanches. C’était comme ça le Graffiti !

Pourquoi ?

Juste pour le kiff et toutes les anecdotes qui vont avec ; les bonnes comme les mauvaises. Voir son blaze et celui de son crew apparaître partout, c’était ouf  ! On ne pensait qu’à ça. On était jeunes…

Quelles sont tes références ?

Je suis un fondu de Graffiti, j’aime tout. En ce moment je deviens fou quand je vois les œuvres de Does, Sofles, Saber, Nychos… J’aime aussi la BD, j’ai grandi avec l’univers de Mézières, Bilal et Druillet.

Avec qui peins-tu ?

Je peins essentiellement en terrain avec Scaf et Abys, car ce sont avant tout de vrais potes. Après, je ne suis pas fermé, surtout pour faire de belles prods même si dans notre région c’est toujours les mêmes qui peignent.

Comment ça se passe quand vous faites des prods à plusieurs ?

Souvent sur un coup de fil, pas besoin de se motiver de trop. Pour l’ambiance des murs, vu que Scaf et Abys sont des spécialistes du perso, ils décident du thème et moi, je m’éclate au milieu, à l’ancienne. Quand il s’agit de gros murs, on se prend un peu plus la tête sur nos maquettes et l’agencement des couleurs. En règle générale, ça se ressent directement.

La Smala, c’est quoi ?

C’est un crew fondé en 2003. A cette période, énormément de monde gravite autour de nous. Des gars qui peignent et d’autres qui sont juste là pour kiffer le moment et l’ambiance. On avait une usine, une ancienne cartonnerie, avec des murs de huit mètres de haut, une perle rare, où nous avons peint beaucoup de fresques. Bref, ça squattait, ça peignait, ça délirait, c’était vraiment cool. Tout est parti de là. J’ai voulu créer un crew qui rassemblerait tout le monde. Avec les années, le crew s’est agrandi pour dépasser les frontières en se développant en Allemagne, au Luxembourg. Avec le temps, le crew s’est malheureusement essoufflé. Dommage.

Peins-tu exclusivement des murs ?

Aujourd’hui j’expérimente d’autres surfaces, des techniques et des matières différentes pour des projets personnels. Je n’oublie pas toutefois d’où je viens, le mur reste ma base.

Plutôt jam ou terrain vierge ?

Les deux. Les jams pour les rencontres. Les terrains, car ça fait toujours plaisir d’être le premier.

Comment procèdes-tu pour tes lettrages en 3D ? Et pour la technique de l’anamorphose ?

La 3D, c’est mon truc du moment, j’aime varier, je veux savoir tout faire. Il est rare que je retape le même truc sans cesse. Pour le moment je sketche beaucoup sur papier et l’agencement et les couleurs se font directement sur mur. Je ne travaille pas encore sur tablette.

Ton avis sur le street art ?

Je fais vraiment la différence entre le Graffiti et le street art. Même s’il y a un lien, ça reste deux mondes différents et le délire pochoir ce n’est pas mon truc. Le street art est rentré dans les institutions et a permis de changer les mentalités. Beaucoup d’artistes peuvent maintenant vivre de leur art. Ça ouvre des portes et je pense que la démocratisation du street art apporte au Graffiti de belles perspectives d’avenir. En tout cas je suis favorable au développement du street art.

Participes-tu à des expositions ?

De plus en plus et j’en suis fier. D’ailleurs j’en prépare une actuellement qui se déroulera dans ma région en 2019.

Des projets ?

Continuer à peindre, bouger, faire des murs, et surtout profiter de tous ces moments liés au Graffiti.