Grâce à Oeno et ses expériences de petit chimiste qui firent grand bruit jusqu’aux JT de l’époque, c’est la Corio qui en France conquit peu à peu le cœur des tagueurs des nineties. Rapidement, la fameuse teinture pour cuir qu’il fallait aller dénicher chez les « Chinois de Belleville » s’impose comme l’encre de prédilection pour imposer sa marque indélébile sur les trains, métros et autres éléments du mobilier urbain de la région parisienne.  Les spectres bleus, noirs ou fuschia laissés par les fastidieuse tentatives d’effaçage des débuts ont fait la renommée de la Corio, aujourd’hui disparue.

Mais sur la fin des années 90, une autre teinture pour cuir commence à faire parler d’elle : la Nero d’Inferno est sur le point de détrôner notre bonne vieille Corio made in France. Repérée pour la première fois par Foe sur les métros de Rome et de Milan vers 1996/1997 et aussitôt adoptée, rapidement la teinture italienne se retrouve diffusée en France par All City aux côtés de la Corio, et s’impose par ses puissantes capacités de résistance aux frottages des nettoyeurs.


Aujourd’hui qu’elles soient professionnelles ou artisanales, les marques d’encres destinées aux tagueurs sont légions, et la Grog est la plus plébiscitée. Débarquée elle aussi d’Italie il y a déjà presque vingt ans, la « Buff Proof Ink » est devenue le grand classique. La source d’inspiration des créateurs de Grog ? La Nero d’Inferno évidemment. Et en bons nerds du graffiti, c’est ce parcours qu’ils ont eu envie de retracer.

L’histoire commence il y a presque cent ans. La poussière et la saleté des villes détruisent les chaussures en cuir des citadins, et un certain Pietro Rossi se lance dans la commercialisation d’une toute nouvelle teinture particulièrement étudiée pour régénérer le cuir des chaussures. Mais le logo à base de diable noir était un présage : un demi-siècle plus tard, ce sont les vandales qui s’en emparent, et vous connaissez la suite.

Les mecs de Grog sont donc repartis sur les traces de la Nero, jusqu’aux débuts du XXe siècle. Ils interviewent Pietro Rossi, neveu et homonyme du père de la Nero et aujourd’hui boss de la marque, dans une vidéo – ci-dessous – susceptible de passionner les fétichistes des outils du graff (Capdo !), et même de résoudre les problèmes d’insomnie des autres.

Et surtout, ils en tirent un petit livre collector’s, Nero d’Inferno Chronicle, qui réunit sur 46 pages les infos et photos glanées sur le chemin, et les contributions de nombreux taggueurs italiens ou internationaux : Foe PME, Buny KR2, Spice, Trout, Sten, Kontrol, Robin…

Pour finaliser l’hommage et boucler la boucle, le livre est accompagné d’un flacon collector rempli de Nero d’Inferno. Et même si c’est collector, on sait pertinemment qu’on n’empêchera pas les chiens de la casse de vider l’encre dans un marqueur et de ne garder que le flacon et le bouquin pour la collec !

Au dela du côté publi-informationnel, l’initiative est originale et méritait d’être relevée. Pour les collectionneurs, une quantité limitée du coffret Chronicle est mise en vente ici sur Allcity.fr. Et pour les méchants vandales, l’encre Grog est ici, et la Nero d’Inferno toujours .