Berns à un pied dans deux continents : l’Amérique du Sud dont il est originaire, et l’Europe, depuis qu’il a décidé de poser ses valoches de péruvien à Paris. A l’intérieur pourtant, ni bonnet de hippies, ni flûte de pan et encore moins de lama pas content : que des bombes, de la couleur et des idées à la pelle. Bref, nos préjugés sur le Pérou en ont pris un coup.

De Lima à Paris, une constante : des lettrages plus que colorés, qu’il dissémine sans compter. Nous avons eu envie de lui poser quelques questions, en mode interview mitraillette.

Peux-tu te présenter ?

Berns DMJC (Lima), ODV (Paris).

Quand et où as-tu commencé ?

Ça s’est fait sur plusieurs années entre 1990 et 1994, à Lima au Pérou.

Avec qui et comment ?

Essentiellement avec mes potes de skate du quartier. Mon meilleur ami m’accompagnait au supermarché pour voler du cirage Kiwi pour taguer, les sprays ne sont venues que plus tard.

Qu’est-ce qui t’a poussé à te lancer ?

J’ai toujours senti que j’avais quelque chose à exprimer, et la sensation de le faire illégalement était tout simplement incomparable.

Tes références ?

Mon cercle d’amis et mon entourage sont ma principale source de motivation et d’inspiration. Mais aussi la scène locale qui varie en fonction de mon lieu de résidence. Je pioche autant dans la culture moderne que celle du passé. Je suis très attaché à la culture péruvienne.

Avec qui peins-tu ?

Avec mes crew ODV et DMJC, plus particulièrement mes potes Rev, Pitiao et 32. Les personnes avec de bonnes vibes sont bienvenues.

Exclusivement des murs ?

Non pas seulement, en ce moment je fais aussi des camions.

Plutôt terrain vierge ou jam ?

Pas simple de répondre, en terrain vierge la sensation de pas savoir ce qu’on va trouver en allant peindre me plait beaucoup. Mais les jams c’est aussi l’occasion de retrouver d’anciens potes et de s’en faire de nouveaux. C’est fun de redevenir des gamins le temps de quelques jours. Il y a de bonnes anecdotes à tirer dans les deux cas.

Et le vandale ?

Plus trop ces derniers temps à part quelques camions. C’est pas comme avant quand j’étais au Pérou ou en Nouvelle-Zélande.

Quels sont tes effets préférés ?

Haha… Mmmmh, on pourrait dire les dégradés de couleurs et les textures…  Mais j’aimerais être plus aventureux dans mon taff.

Justement, d’où te viennent ces idées de remplissage et de texture ?

Pour les dégradés, les tissus péruviens, incas et d’autres cultures pré-colombiennes. Dans ma culture, les couleurs fluorescentes jouent un grand rôle. Pour les textures ça m’est venu au fur et à mesure grâce à beaucoup de références issues de l’illustration et l’iconographie. J’aimerai pousser tout ça plus loin, rajouter plus de mouvement au tout. Ça viendra avec le temps.

Comment ça se passe avec les ODV ?

Ils ont été super chaleureux dès qu’on s’est rencontrés. Il m’ont fait me sentir chez moi. J’ai retrouvé les ambiances que je partageais avec mes amis péruviens. Aujourd’hui, ils sont l’équivalent de ma deuxième famille.

Des murs à plusieurs ?

Lors d’occasions spéciales ou de sessions urbex. Cette année c’est les 20 ans du crew donc il y a des choses spéciales qui se préparent…

Voyages-tu beaucoup pour peindre ?

Oui, Récemment j’étais en Nouvelle-Zélande. C’était agréable de découvrir l’île et la culture maori. L’an dernier j’ai pas mal bougé en Europe, mais aussi aux States, à Boston et New York.

Peindre des camions à Paris, c’est compliqué ?

Ça part du feeling du moment. Si l’occasion se présente, c’est parti ! C’est amusant.

Ton avis sur le Street Art ?

C’est un vaste mouvement en perpétuelle évolution, qui permet à tous d’accéder à l’expression libre.

Des expositions, des projets ?

Comme je le disais, cette année ce sont les vingt ans de mes deux crews, il y aura donc surement des expos dédiées en France et au Pérou.

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