Pattes de lapin, pulvérisateur et pinceaux de différentes tailles… avec une panoplie d’outils aussi divers que variés, Soemone développe un répertoire de formes abstraites inspirées par la calligraphie et la dynamique gestuelle du tag.

Rencontre avec celui qui s’affranchit des codes du lettrage classique, dans une friche abandonnée de la région nantaise.

Peux-tu te présenter ?

Je fais partie des crews BAN, MOKER et C29. J’ai commencé super jeune. A douze ans, le copain de ma sœur m’a un peu guidé en me refilant ses premiers magazines hip hop, L’Affiche et Radikal. Pour ceux qui ont connu ces mags, il y avait des reports sur le Graffiti. Ça m’a permis de comprendre ce que je voyais en bas de chez moi et qui m’intriguait depuis quelques temps, ces trucs sur les murs d’une voie ferrée que je voyais tous les matins pour aller au collège. Ces graffitis étaient faits par ceux qui allaient devenir quelques années plus tard mes grands frères de peinture : Jone et Malik. Ils peignaient à Concarneau, la ville où j’habitais. C’était en 1995, dans une petite ville bretonne de vingt mille habitants. Ces deux gars supers chauds font partie des meilleurs crews de la région de l’époque et ils peignent en bas de chez moi. Grosse vibes.

Quand as-tu commencé ?

En 1996, avec mon pote Aise, marqueur Onyx en poche, on tague comme on peut, tout ce que l’on trouve. On tague en tout petit et on cartonne pas grand chose, mais on s’amuse bien. En 1997, on commence à faire nos premiers lettrages influencés par les magazines. On se démerde avec ce que l’on trouve comme sprays. On fait quelques peintures le long des voies ferrées et un lettrage sur le mur d’une école. Ce lettrage est important parce qu’il est le point de rencontre avec Malik, la légende de la ville. Par hasard, la nuit après avoir peint ce mur, on voulait revoir notre peinture et la montrer à un pote. On arrive sur le spot en plein centre-ville, et là, on tombe sur un type dans le noir en train de mater notre graff en se roulant un spliff. Gros blanc pendant deux minutes, on ne sait pas si on va se battre ou se marrer. Par chance je connaissais bien son frère. On discute, on fume, ça se passe super bien. Il nous invite à venir le voir peindre dans un terrain avec quelques uns de ses potes. Première rencontre avec des vrais graffeurs, première grosse claque, découverte de l’ambiance, le barbecue, les vannes. Dans ce terrain, il y avait Wca2, Reduk, Arnem, Jone, Malik et Mite… Je vous laisse découvrir le parcours de chacun. On était bien entouré. Après la claque de ce jour, je commence à m’exercer sur feuille avant de peindre. Je fais mon premier vrai lettrage en 1998. Depuis, je n’ai jamais arrêté.

Un an après, Malik, Jone et Mite fondent le crew BAN. On entre tout de suite dedans avec Aise. Ça donne une grosse force et grave de motivation. Après, connexion avec Dino, Samp et Lez sur Lorient avec Mite. On rentre dans le MOKER crew en 2002. Par la suite, Aise et Jone nous rejoignent, c’est la période des grosses prods en terrain, grosses soirées, peintures de nuit… Au même moment, connexion avec les gars de Nantes par Aise.

La vie avançant, je déménage à Saint-Nazaire, j’habite à coté d’un dépôt de frets. Je m’amuse pas mal et je découvre aussi la peinture dans les friches industrielles. J’ai toujours peint dans des endroits pourris. Trouver des surfaces et des endroits vierges, ça m’a toujours intéressé. Je commence à faire de l’Urbex sans m’en rendre compte, c’est très important pour la suite de ma pratique.

Je pars ensuite à Paris où je commence mon taf en direction artistique et en graphisme. Je peins quelques supports mythiques qu’on n’a pas en province. Mais je me concentre surtout sur le taf. Je peins beaucoup moins, j’ai beaucoup moins le temps. Après avoir passé dix ans dans la capitale, j’ai besoin de changements et surtout envie de repeindre.

Je déménage à Nantes en 2013. Je suis avec mon pote Wide qui partage ma passion pour les lieux abandonnées. On parcourt toute la région et plus loin encore : le Nord de la France, la Belgique. On trouve des spots de ouf. Ma peinture change et je laisse un peu de coté les codes du Graffiti old school. Ma pratique devient beaucoup plus personnelle, je fais beaucoup d’expérimentations basées sur le tag, l’écriture, le rythme et le dynamisme.

Pourquoi ?

Avec le recul, aujourd’hui c’est encore compliqué de répondre précisément à cette question. Pourquoi ressent-on cette montée d’adrénaline, de pouvoir, de danger, de bien-être qui pique et qui ne fait penser à rien d’autre ? Pourquoi continuer une activité qui met aussi bien en danger physiquement que judiciairement ?

Je me suis tout de suite senti à ma place, j’ai toujours fait des choses avec mes mains et j’ai toujours évolué au sein de cultures underground. L’équation est juste parfaite.

Quelles sont tes références ?

Vaste question, mes influences dans le Graffiti sont larges. Je vais faire simple en citant mes frères de peintures : les crews BAN, MOKER et C29. J’en reste là pour l’énumération, sinon il y en aurait trop.

Toutes les rencontres que j’ai pu faire dans d’autres villes m’ont grave influencé. Au début, il n’y avait peu ou pas d’Internet, pas de smartphone. Il fallait se bouger le cul pour se connecter avec d’autres types, dans d’autres villes. Les seuls médias étaient les fanzines et les magazines. Quand je choppais le dernier mag, je scotchais dessus pendant un moment, j’étudiais les styles, les crews… Venant d’un bled de Bretagne et étant assez jeune à ce moment-là, on ne bougeait pas tous les weekends.

Concernant les styles, j’ai été influencé par l’école new-yorkaise, le wildstyle, les grands noms, Spraycan Art. Pas mal de choses en provenance du Nord de l’Europe. Pour citer deux ou trois noms : Bates, Swet, Dare, très grosse influence. L’Allemagne a toujours été hyper en avance.

Mais surtout, et encore aujourd’hui, les tags et les throwups dans la rue, c’est ce que je préfère et c’est ce qui m’influence le plus. En France, on n’a rien à envier au reste du monde. La période fin 90/début 2000 à Paris était juste magnifique, hyper-active, hyper-inspirante et le reste encore aujourd’hui. Cette fascination pour le bombing m’a permis de découvrir l’univers des cholos et des rues de Los Angeles avec les photos de Estevan Oriol.

Je suis fan de photographie depuis enfant. J’ai commencé à prendre des photos avant de me mettre à peindre. Le grain, le bruit, le papier, la texture, la chimie… tout me fascine dans la photo. J’ai donc creusé cet univers et j’ai découvert le travail de Gregory Bojorquez et de Gusmano Cesaretti qui ont aussi documenté les rues de Los Angeles. L’esthétique des graffitis des gangs m’a traumatisé. Chaz Bojorquez, qui est reconnu aujourd’hui comme l’un des premiers graffeurs toujours actif, a beaucoup influencé ma pratique quand j’ai commencé à développer une esthétique plus perso. Une discussion avec lui m’a motivé à aller encore plus loin. Il a été très bienveillant, j’ai pu me détacher de son esthétique pour trouver ma propre voix.

J’aime beaucoup la période photographique des années 50/60, Saul Leiter est sûrement le maitre absolu, ses photos ressemblent à des peintures, Brassaï fait le lien entre Graffiti et photo, j’aime aussi l’univers freaks des années 80 documenté par Michael Ackerman et Miron Zownir. J’aime aussi la peinture abstraite des années 50, 60 et 70. Pierre Soulages m’a littéralement initié à l’Art, aux musées, aux expos. Nicolas de Staël, Franz Kline, Clyfford Still, Simon Hantaï, Pat Steir, Cy Twombly… En ce moment, je m’intéresse à El Anatsui, un sculpteur ghanéen.
Mes influences vont de la photographie de rue à la peinture contemporaine abstraite. Il y a évidemment beaucoup d’autres choses, mais ça pourrait être long.

Avec qui peins-tu ?

J’ai peint beaucoup de murs en chrome et des fresques pendant quinze ans avec mes crews. Depuis que j’ai une approche plus perso et je que je peins exclusivement dans des terrains abandonnés, c’est moins le partage avec après-midi barbecue. On bouge souvent à deux avec Wide. On passe des heures à chercher de nouveaux spots. Par contre, on ne donne pas ces adresses à d’autres graffeurs qui se foutent de ce genre de lieux, à part si c’est des gens de confiance. Sinon ton terrain est éclaté en deux weekends. Les beaux terrains vierges sont rares. On peint dans les mêmes endroits que Persu qui rode beaucoup avec sa copine, mais chacun de son côté. Pourtant, c’est la famille. Avec Wide, on se retrouve souvent tous les deux dans les usines abandonnées mais on a une approche différente de la peinture, on peint chacun sa surface. De temps en temps, quand on trouve un support qui s’y prête, on fait une prod ensemble.

Peins-tu exclusivement des murs ?

Je peins tout ce que je peux dans les espaces que je trouve. Cuve métallique, mur, carrelage, verre, plastique, véhicule… parfois tout en même temps. Je ne m’interdis aucun support, ça fait aussi partie de ma démarche. Les lieux abonnées sont riches en nouvelles surfaces. Quand je peux, en fonction des accès et du temps, j’aime investir les espaces dans leur globalité, je ne m’arrête pas aux surfaces verticales. J’interviens sur l’ensemble de la pièce, ça permet de travailler sur tous les supports à la fois et de créer une compo dynamique et déstructurante tout en jouant pleinement avec l’espace. Je ne le fais pas souvent, c’est pas simple de trouver des espaces où tu peux rester longtemps sans avoir la visite de la sécu. En ce moment, j’ai envie de peindre sur de nouveaux supports ou dans des lieux peu ou pas exploités. On verra où ça me mènera, j’ai quelques idées. Il y a aussi le travail en atelier, mais ce sera pour une autre interview.

Plutôt jam ou terrain vierge ?

Terrain vierge sans hésiter. C’est le meilleur endroit pour s’exprimer. Je suis souvent limité par le temps, je dois dealer avec la sécu ou les habitants. J’ai peu de matos sur moi, je dois donc être créatif. C’est pas confortable, parfois dangereux, ça pue, il fait froid et humide. Il faut trouver le spot que les autres n’ont pas trouvé. Il y a un vrai challenge avant de pouvoir commencer à peindre.

Ensuite, viens la peinture. Je ne peux pas me balader avec plein de matos. Je dois donc me concentrer sur le style sans me dissimuler derrière une multitude de couleurs. Je peux rarement reprendre un trait qui part en couille, je fais avec. C’est ce que j’aime, je ne peux pas mentir dans ma manière de peindre. Je dois composer avec l’instant.

Quelle est l’importance de la calligraphie dans ton travail ? Et l’exploration urbaine ?

L’exploration urbaine est un vrai kif qui a débuté vers la vingtaine. Ma pratique dans ce genre de lieux a débuté à l’époque où j’habitais à Saint-Nazaire. Il y a plein de maisons, d’usines abandonnées. J’y ai fait mes armes : comment rentrer sans se faire voir, sans laisser de traces, vérifier que c’est bien abandonné, préparer une sortie rapide. Tout plein de petites choses utiles.

Se casser le cul à chercher le bon spot, passer des heures en caisse ou à pieds et pas juste consommer des surfaces mis à dispo par les villes, c’est une manière de rester connecté à ma culture d’origine. Je ne fais plus trop de vandale, mais quand j’allais peindre un dépôt ou le long d’une voie express, c’était pareil, il fallait se bouger le cul pour repérer et pouvoir peindre sans risque.

En ce qui concerne la calligraphie, c’est venu à un moment où j’ai choisi de peindre autre chose que des wildstyles. Je voulais garder un travail de la lettre. J’avais de grosses influences :  les cholos, les tags évidement, les écritures antiques, les tablettes sumériennes… J’ai donc entamé cette nouvelle approche en mélangeant le tout. Au début c’était des peintures faites à la bombe, mais ce n’était pas adapté. J’ai ensuite pris des pinceaux, ça a donc très vite ressemblé à de la calligraphie, mais sans trop le vouloir. J’ai compris qu’il fallait que je redéfinisse de nouvelles bases, de nouvelles lettres, de nouvelles formes pour aller plus loin par la suite.

Comme je le dis souvent à des potes qui ne comprennent pas ce changement de style : je refais mes classes en reprenant tout depuis le début. Quand on commence à graffer, on ne s’amuse pas à sortir des lettres ultra compliquées sinon on va droit dans le mur. Il faut bosser les bases et quand on le sent et qu’on maitrise, on avance et on construit son propre style. J’ai bossé sur ma ligne, sachant la direction dans laquelle je voulais me diriger. Avec le temps, c’est devenu quelque chose de beaucoup plus personnel.

La calligraphie est trop codée, je savais que ce n’était pas pour moi. J’avais besoin d’une approche plus physique, plus instinctive et plus abstraite.

En parlant de ça , pourquoi réaliser des pièces abstraites ?

Je ne voulais plus forcément écrire mon nom ou celui des mes crews, je voulais faire autre chose. C’était aussi à une époque où j’ai eu besoin d’écrire pour moi, pour évacuer certaines choses. Au lieu de rester dans mon coin comme un écrivain maudit, j’ai décidé de le faire sur les murs. Au fur et à mesure, j’ai réduit le nombre de phrases, de lignes pour arriver à une période où je ne confrontais que deux mots sur des échelles et des formats différents pour composer mes pièces. J’ai aussi cassé le concept de la ligne d’écriture, des espacements. Rapidement, les mots ont disparu, je préfère les exprimer de manière instinctive, automatique.

Aujourd’hui, ma peinture est composée de lettres ou de formes inspirées de lettrages, mélangées à des gestes instinctifs, des bases de tag, de flop… J’ai mélangé mon background Graffiti à d’autres expérimentations pour arriver à cette peinture abstraite qui me parle. Mais ça ne veut pas dire que je ne vais pas me remettre à faire des lettrages classiques.

La différence entre la peinture et le Graffiti, c’est le signe, les lettres. Je vais un peu plus loin pour composer une peinture plus personnelle et laisser les gens ressentir ce que bon leur semble sans imposer un code de lecture et donc de sens. Je les laisse projeter leurs propre mots, leurs propres interrogations. Certaines expériences m’ont conforté dans ce sens. Comme une rencontre avec un gardien de prison qui se baladait dans un spot. En voyant ma peinture composée de nombreuses coulures très régulières, ça lui a fait penser à son job et à l’histoire d’un détenu. Sans que j’écrive quoi que ce soit, ce type avait compris ma peinture. Ce moment était très intéressant.

Après autant de temps dans le Graffiti, et je parle bien de Graffiti pas de street art, il est parfois difficile de se détacher des codes en vigueur, du style, de la lettre. Est-ce que mes peintures abstraites sont des graffitis ? Il n’y a plus de sens littéral, pas de message politique ni de pseudonyme. Mais il y a toujours une démarche vandale, on peut se poser la question. Mais pour moi, la base du Graffiti, c’est qu’il n’y a pas de règles.

Quelles sont tes intentions ?

Mes intentions sont purement personnelles. Garder une certaine part de liberté. Je peins pour moi, pas pour Instagram. Quand je suis vidé après une action, je sais que la pièce était bonne, qu’importe le résultat. Je cherche à aller plus loin. Je ne reste jamais très longtemps à la même place, j’expérimente, je mets en danger ma pratique, je ne cherche pas à plaire. Si tu n’aimes pas, c’est pas grave. Regarde ailleurs.

Les outils que tu préfères ?

De nouveaux codes de peintures passent aussi par de nouveaux outils. Ne plus utiliser de bombes de peinture m’a permis de redéfinir ma pratique pour plusieurs raisons. Tout d’abord, ça coute cher. Longtemps, je ne payais pas ou peu mes sprays, je faisais des plans à droite à gauche, je récupérais le matos comme beaucoup. J’ai aussi pas mal tapé dans les magasins de déstockage. J’ai acheté des palettes de Multona à plusieurs. Ce qui me permettait de me foutre de la manière dont j’utilisais mes sprays. Quand j’ai arrêté tout ça et qu’il a fallu payer les bombes de peinture pour faire des pièces, ça m’a vite saoulé. Je n’avais pas envie de payer pour peindre dans des endroits où je risquais de prendre amendes. J’ai donc opté pour la peinture acrylique de récup. Avant, je pouvais claquer quarante euros pour une pièce, maintenant je claque à peine un euro.

Le pinceau, pour écrire c’est beaucoup plus simple. J’en assemble parfois plusieurs pour avoir un trait beaucoup plus large. Quand j’ai commencé à utiliser le pulvérisateur, ma gestuelle a évolué, j’ai fait pas mal de pièces avec. Le seul problème, c’est de se déplacer avec. Faire de l’exploration avec deux pulvos de cinq litres, c’est chiant et pas pratique. Mais dès que je peux, je l’utilise. J’utilise aussi une perche, des rouleaux et des pattes de lapin. C’est le plus simple. Je ne m’interdis aucun outil. J’ai testé la serpillière, des branches d’arbres, des cordes, des brosses de maçon. J’adore chercher de nouvelles méthodes de peinture, mais au final je garde ça pour mon travail en atelier.

Et les lettrages en couleurs dans tout ça ?

Ils sont très bien où ils sont : dans mon passé ou avec des potes qui continuent et qui ont atteint un niveau de ouf. Je kiffe toujours autant de voir leurs prods, c’est juste que je ne ressens pas le besoin d’en refaire. Mais, ça ne m’empêche pas d’en faire de temps en temps pour me marrer, dans le cadre d’une peinture entre potes. Les vingt ans des C29 approchent, il n’est pas impossible que je fasse un lettrage.

Peux-tu me parler de Graffiti, 50 ans d’interactions urbaines ?

C’est un livre important pour notre culture dans une époque où tout se mélange : Graffiti, vandalisme, street art, muralisme, déco et imposture. Cet ouvrage fournit une identité à une culture qui nous appartient et qui est un peu diluée dans une sorte de mélasse indéfinissable. Ce n’est pas un bouquin qui référence les plus gros murs du monde avec pleins de jolies couleurs, mais il dresse un constat historique sur le Graffiti, qui n’est pas celui qu’on essaye absolument de nous faire avaler.

Évidemment, un livre ne peut pas parler de tout. Certaines personnes seront certainement déçues ou aigries qu’il n’y ait pas ceci ou cela, d’autres vont être super contents.

Comme dit Lokiss : « un livre écrit par un writer pour les writers ». J’invite tout le monde à le lire, il a vraiment fait un gros travail. Respect à lui.

Mon rôle a été très simple. Lokiss m’a contacté pour y apparaitre. Connaissant le parcours du gars, je n’ai pas mis longtemps à accepter. C’est une de mes références, mais je ne savais pas ce que ça allait donner, surtout avec un titre pareil.  Il m’a envoyé des questions, j’ai répondu et voilà.

Participes-tu à des expositions ?

Très peu, je n’ai pas trop joué le jeu pour le moment. J’ai une pratique d’atelier qui n’est pas si ancienne. Je prends mon temps pour proposer des choses cohérentes. Le Graffiti, c’est dans la rue, en atelier, c’est autre chose. La pratique doit évoluer. Faire quatre coulures sur une toiles et dire : voilà, c’est fait ! Évidemment, j’exagère. J’aime bien, mais ce n’est pas du tout mon approche.

Produire en atelier après quinze ans de Graffiti, c’est une donnée importante. Mais une vie se compose d’influences diverses. J’essaye de condenser tout ça et de proposer quelque chose qui me ressemble, je n’essaie pas d’intégrer les codes qui permettent de vendre.

Des projets ?

Continuer de peindre dans des lieux abandonnés. J’en fais moins aujourd’hui, c’est compliqué de trouver de nouveaux spots dans ma région. Même les spots à une heure et demie de caisse, j’en ai déjà fait pas mal. En parallèle, je vais développer des pièces en all-over, comme pour le projet Dédale à Vannes. Je les remercie de m’avoir permis de poursuivre ce que j’ai entrepris dans les friches. J’ai plein d’idées pour ce projet. J’envisage aussi cette année d’aller voir quelques galeries avec lesquelles je suis en discussion pour peut-être y présenter une ou deux œuvres. En tout cas, j’ai toujours autant envie de peindre.