La High-tech au service du Graffiti ? C’est le pari que Katsu, adepte du vandalisme à grande échelle, tient depuis quelques années. On le connait surtout pour ses throwups et ses tags à l’extincteur bien abusés, mais c’est aussi un passionné d’innovations technologiques qui s’intéresse de près aux drones, ces engins volants sans pilote et commandés à distance. Et pour une fois, ce n’est pas pour livrer des pizzas Amazon à domicile ou infliger des frappes militaires chirurgicales à l’autre bout du monde… mais pour une noble cause : peindre dans des endroits inaccessibles.

Après des débuts plutôt hasardeux, pas simple de stabiliser un drone tout en traçant un lettrage, Katsu a récemment fait la démonstration sur son compte Instagram que son Katsubot est prêt à conquérir de nouveaux territoires.

Retour sur les différentes étapes d’une véritable innovation mêlant technologie, hacking et graffiti.

2014 : les premiers essais du prototype en atelier

En collaboration avec le Center For The Study of the Drone, Katsu développe un drone équipé d’une bombe de peinture et présente une série de toiles réalisées avec son quadcopter à la Foire d’Art Contemporain de Silicon Valley.

Le coût des drones a baissé, j’ai pu donc m’offrir un DJI Phantom 2 avec l’idée de l’utiliser comme un nouvel outil artistique. je veux vraiment voir comment une personne et un drone peuvent interagir. J’ai immédiatement pensé aux spots que je pourrais atteindre avec cet appareil. Je voulais aussi faire une série de toiles pour exprimer ce qui se passe quand la technologie rencontre la création artistique. J’ai travaillé avec quelques amis développeurs pour créer un prototype de bombe télécommandée.

Il y a tout de même quelques inconvénients avec cette nouvelle technologie. Ils font du bruit, produisent de nombreux courants d’air, et il y a toujours un risque de perdre le contrôle de ces engins. Il y a beaucoup de choses à prendre en considération. Ce n’est pas comme si tu glissais d’un pont et que tu risquais de mourir, si le drone tombe, il peut tuer quelqu’un.

Le projet Icarus One

Fort de ses différentes expérimentations, Katsu s’associe avec une équipe de nerds pour développer Icarus One, un projet de drone en open source… dédié au graffiti. Un bidouillage High-Tech qui semble à première vue assez rudimentaire : du scotch, une bombe de peinture, une télécommande et un drone. Mais ce n’est pas si simple, des compétences en programmation sont indispensables pour gérer un module Arduino, le cerveau du drone, avant de réussir à le faire voler.

Avec Icarus, les graffeurs pourront peindre dans des environnements hostiles et éviter de se blesser. Il sera possible de peindre des ponts, des murs en hauteur, des façades complètes, des trains, des camions et des voitures de police.

2015 : vol d’essai à New York

Mai 2015, cette fois c’est en conditions réelles que ça se passe. De nuit, Katsu pilote Icarus One, équipé d’une bombe de peinture rouge, pour s’attaquer à l’un des plus grands panneaux d’affichage de New York. Son objectif : tracer de grandes lignes rouges sur le visage de la mannequin Kendall Jenner, qui prend la pose pour Calvin Klein, et prouver que son drone fonctionne en extérieur, sans s’écraser. Une opération délicate et imprévisible à plusieurs dizaines de mètres du sol :

Durant cette opération, 70% de ma concentration est consacrée au maintien de l’équilibre du drone qui doit être perpendiculaire à la surface à peindre.

2017 : Icarus Two apprend à écrire

De retour dans son labo, après plusieurs mois de recherche, Katsu équipe son drone d’un bras articulé. Finis les lignes et les tracés hasardeux, la nouvelle génération d’Icarus peut enfin écrire du texte de manière autonome. Il suffit à l’utilisateur de taper son texte sur un ordinateur et le tour est joué.

2018 : le test Katsuru

Depuis quelques semaines, Katsu publie sur son compte Instagram de nouvelles vidéos d’essai. Et là surprise, son Katsubot réalise un dessin complexe… avant de se casser la gueule.

Une publication partagée par KATSU (@katsubot) le

Qu’importe, il récidive au début du mois de Mai. Cette fois, le drone trace de manière autonome des throwups en hauteur sur un mur : c’est la vidéo en début d’article. La phase de test est enfin un succès. On attend maintenant la prochaine attaque de drones en conditions réelles… dans les rues de New York donc !

La Fin approche. Les systèmes autonomes autogérés exécuteront l’œuvre du Diable.

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