Passionné par le hip hop, le graphisme et les jouets des années 80 qu’il collectionne, Gerz est aussi à l’aise derrière ses platines que bombe à la main, toujours prêt à faire de nouvelles expériences typographiques et musicales.

Direction le Val-de-Marne pour rencontrer le graffeur/DJ aux multiples casquettes.

Peux-tu te présenter ?

J’ai 40 ans et je suis originaire de Maisons-Alfort. J’ai commencé le Graffiti à 13/14 ans. Notre crew, c’était LAP. avec Akuze, Eskyv puis Menzy et d’autres on traînait sur la ligne 8 et le RER D, on ne faisait que des tags dans les tunnels et dans les rames. J’ai entamé des études de dessin vers 17 ans. Je me suis finalement lancé dans une carrière de DJ sous le nom de DJ Gero.

J’ai gagné des coupes et des championnats DMC en  2002, 2003 et 2004. J’ai accompagné beaucoup de groupes de rap en concert et en tournée : Force Pure, Triptik, Svinkels, Orelsan, Grems, Rouge à Lèvres avec Disiz, Bunzen, Frer 200, D’ de Kabal, Khondo, Kalash, Dee Nasty… J’ai fait beaucoup de DJ sets un peu partout dans le monde pendant une quinzaine d’années. Pendant tout ce temps, j’ai complètement mis de côté le Graffiti et le dessin, même si je trainais avec mes potes des TER, OMT et SWC. Je ne peignais pas, je les regardais et ils venaient à mes teufs. Il y a cinq ans, j’ai mis un terme a ma carrière de DJ et je me suis remis a dessiner et à peindre.

Quelles sont tes références ?

Gamin, j’étais très influencé par les Nasty, Slice, Orel pour les lettrages, et pour le tag par Parker, Dystur, Jackson, Degré, Reck, Diaz, Dunga, Vekno, Rude, Hulk, Bones, Astus. Grosse influence de Paris Tonkar et d’1tox et des GT (Dize et Pro). En dehors du Graffiti, j’aime beaucoup les années 80/90 en général, le Japon, les fringues, la dance music, le rock, le rap, les jouets, Frank Stella. La nouvelle génération de graffeurs comme Roids, Pant, Shane, Media, Recis, Gary, Sef, Dais, Rever, Tarwane, Franck, Rise, Tyrsa, Trav, Fixe m’intéresse aussi beaucoup.

Avec qui peins-tu ?

Les dernières peintures en duo que j’ai faites, c’était avec Rever, Rise et 1981. Mais je suis open pour peindre avec plein de gens.

Plutôt jam ou terrain vierge ?

Les deux. Tranquille avec les potes dans un terrain, c’est cool.

Top-To-Bottom, c’est quoi ?

On a lancé le festival Top-To-Bottom qui se déroulait dans le 18ème à Paris. Il au eu lieu trois ans de suite. C’était intéressant d’être du coté organisation. Inviter des gens dont tu aimes le travail, pouvoir les mettre bien, c’est assez satisfaisant.  On était quatre organisateurs, Tina , Taroe, Stéphane du restaurant Les Petites Gouttes, moi et beaucoup de bénévoles. Ça se déroulait sur l’esplanade Nathalie Sarraute, 1000 m2 sur lesquels il y avait des modules de toutes les formes, avec des DJs, des stands, des rampes de skate. Le soir, il y avait des concerts. Je m’occupais du line up Graffiti et musique.

On a invité : Shane, Fenx, Astro, Katre, Dize, Keno, Ilk, Tyrsa, Babs, Berns, Ceizer, Haribow, Opéra, Decap, Twopy, Faker, Rise, Sawer, Cispeo, Veenom, Franck Pellegrino, Mast, Métro, Yope, Fancie, Retro, Mondé, N. Barrome, S. Fouache, Rever, Cannibal Letters, Nasty, Chek, Dante, Bebar, Hoer, César, Vaper,  Yoolk, Oniks, Oust, Bore, Casm, Nexty, Shone… j’en oublie, c’est sûr.

Pour les lives, on a invité Lino d ‘Arsenik, Busta Flex, Le 3ème Œil, Gravité Zéro, Cyanure ATK, Rockin’ Squat, Gérard Baste, Sickmatic, Edo G, Artifacts, Reks, Kohndo, La Caution, Swift Guad…

Les DJs : La Funky French League, Lazy Flow, Tex, Drixxxé, DSL, Globe, R ASh, Karim, Km3, Suspect, Dr Vince, Bridgewater, Dj Loud, Laize, Sims, Saint-Pierre, Dj Fab…
Le festival s’est arrêté, on avait fait le tour. On ne pouvait pas aller plus loin. C’est déjà génial d’avoir réussi à l’organiser trois ans de suite avec nos emplois du temps respectifs. Je prépare quelque chose du côté de chez moi dans le Val-de-Marne. A suivre…

J’aime bien aussi qu’on m’invite. J’ai fait plusieurs fois le Meeting Of Styles France et celui de Belgique en 2018. Que des bons souvenirs, c’était chanmé.

Quels sont les effets que tu préfères ?

J’adore faire des lettres ballons, c’est mon kif. Je prends en photos des vrais ballons et après je recopie bêtement, point par point.

Quelle importance accordes-tu à la typographie ?

Primordiale ! Partout où je vais, je regarde les enseignes. Au supermarché, je mate les typos de marques sur les boites. Mon livre de chevet, c’est Logobook. Dans tout ce que je dessine, il y a de la typo. Je suis très influencé par le design et les illustrations des jouets vintage des années 80 que je collectionne (Les Maîtres de L’univers, Transformers…). Le côté rétrofuturiste, les lettres métalliques en 3D, j’en suis fan depuis tout gosse. J’ai ouvert un compte Instagram spécialement dédié à ma collection, pour les nostalgiques comme moi.

Peins-tu exclusivement des murs ?

Je peins sur tous les support : murs, toiles, bois, papier. Je fais pas mal de planches de skate et de surf aussi.

Plutôt sketch sur papier ou sketch numérique ?

J’aime les deux. Je suis très iPad Pro en ce moment avec Procreate, mais sur papier je kiffe aussi.

Quels sont tes outils préférés pour dessiner ?

Pour le dessin, j’utilise des Posca et des feutres Tombow.

Participes-tu à des expositions ?

Wrung m’a offert cette opportunité, j’ai pu faire une expo dans leur salle à Paris avec une application à télécharger pour écouter les morceaux que j’avais composés pour l’occasion, correspondant à chaque toile. Je participe cette année à la deuxième édition de l’exposition collective Potograff. Mais me dire : « tiens, là je vais exposer », je n’en suis pas encore là.

Réalises-tu des commandes ?

Beaucoup de commandes sur papier, toile aussi et des commandes pour des sociétés qui veulent des peintures personnalisées, des prestations live ou des logos.

Et ta carrière musicale dans tout ça ?

DJ Gero c’est fini depuis cinq ans. Les DJ set et la nuit : terminés ! Mais je continue à faire du son sous le nom Gerz. Je prépare un EP qui sortira cette année, c’est en préparation…

Je voulais aussi parler de Rude VEP qui nous a quittés il y a peu de temps. C’était un artiste, un journaliste et un musicien incroyable qui formait le groupe Ddamage avec son frère. Je l’ai rencontré au début des années 2000. Je travaillais à la rédaction du magazine BPM et on avait décidé de les mettre en couv’. C’est en discutant de Maisons-Alfort, dont ils sont originaires, que j’apprends que l’un d’eux est Rude. Par la suite, on est devenu pote, on a fait des concerts ensembles, des remix. Fan de Prodigy, il m’avait demandé de travailler avec lui pour mixer des inédits qu’il avait réussi à avoir. La mixtape est toujours dispo sur DatPiff et s’intitule Ultimate P. C’était un mec génial, avec une pointe de folie qui faisait du bien.

Des projets ?

Je vais ouvrir un site Internet sur lequel la musique et le graphisme se mélangeront, avec une boutique en ligne.