Son throwup chromé hante les chemins de traverse de la campagne française. Depuis quelques mois, on le traquait pour un #12shot, mais la bête est imprévisible. Finalement, Clyse opte pour le plan B : un lâcher de photos emblématiques de ses pérégrinations du moment. Friche, fret, casse : tout y est, le tout accompagné d’un texte édifiant écrit à la première personne où il dévoile ses expériences et son parcours. On vous le livre brut de décoffrage.

Le graffiti m’intéresse très tôt. Le soir après l’école je trainais beaucoup. Originaire du 94, j’observais les tags vers Bois l’Abbé, en me demandant qui faisait ça, et avec quoi.

1993. En foyer, je commence à dessiner, chaque éduc avait le droit à son personnage de Mickey Parade, avec le logo de Suprême NTM à côté, le vrillé de Authentik… drôle de mélange ! C’est peut-être ces trois lettres qui m’ont influencé à commencer les lettrages.

J’atterris ensuite en famille d’accueil, suivent quelques années en province. Craie grasse, marqueur, cirage, spray de chantier… j’apprends dans mon coin.

 

Radikal, Groove, Graff it! apparaissent, je me prend des tartes sur les pages spécial chrome. C’est vraiment là que je me lance, vers 1996/1997, sans avoir conscience de l’ampleur que ça allait prendre dans ma vie. Petites sprays de carrosserie qui rentraient facilement dans le Tacchini, premier lettrage en bas du bâtiment, un MYST-R avec une soucoupe volante, que j’ai dû recopier de quelque part comme tout bon débutant…

Puis Arco me flingue avec son tag dans Ma 6T va crack-er. Je me disais mais merde, comment il fait pour faire un trait large comme ça ! Un grand du collège me parle des Décapfour. A l’époque il y avait souvent le problème des valves mâles ou femelles. Donc je prenais même les embouts des Brut, au cas où.

La suite avec Posca, Auto-K, les essais plus ou moins probants avec le bleu de méthylène, les tubes de Bic etc. Evidemment aussi la Corio. Bref, l’histoire classique de ceux de ma génération, j’imagine.

Premières années en solo ou avec un de mes frères placé avec moi, je tapais Moko. Premières rues, premiers roulants, avec des lettrages tout perav que je regrette quand même de ne pas avoir pris en photos… Je trouvais ça inutile à mes débuts.

Après une énième fugue qui s’éternise, je retourne à la rue en 98. Déscolarisé. Les soucis prennent le dessus sur ma passion quelques temps. Les wagons ne m’intéressent plus que pour leur chauffage, je peux y dormir en sécurité. Puis la faim me fait retourner à contrecœur dans ma famille, dans le centre. J’observe les INK, OCT, FAV. C’est l’époque des VHS graffiti, Dirty Handz etc. Encore des claques visuelles.

Je change de nom pour Clyse fin 99/2000. Pas de signification, juste pour les lettres. Je fais une grande rencontre : Soir2, devenu un ami que j’admire beaucoup.

Puis de nouveau, changement de région, direction le Sud-ouest. Je commence alors à zieuter le taf des bordelais, toulousains et espagnols. Je fais mes armes dans les podés de la région, tout en continuant de temps en temps les plans du centre. Des connections se font. Une pensée pour mon ami Naste2 qui nous a quitté cette année.

En 2005, je me retrouve en Suisse. Beaucoup de connections des deux côtés de la frontière, et beaucoup de terrains. Le TWP. Le PB. Des centaines de kilomètres chaque weekend pour un plan de campagne, ou même pour du fret.

Ces dernières années, retour à mes débuts. Le chrome, le peuflo, le rapide. Un peu plus solitaire. Plus rien à prouver, je peins pour moi. Principalement des terrains vierges, ma casse, mes frets ou n’importe quel support, peu importe. Du chaud, du pas chaud, je m’en tape, tant que ce n’est pas du réchauffé… Et les voyages pour le reste – le Portugal, l’Espagne et les pays de l’Est sont mes favoris.

J’aime jouer avec les contraintes du spot, m’adapter. Je privilégie ma production et le cadrage photo. Une pensée pour ceux qui font ou qui ont fait partie de mon parcours, ou qui m’ont soutenu en 2012 : les sudistes, les suisses, les espagnols, les parisiens, OUPS, HVS, TWP, PB…

Et dans le désordre, une pensée pour quelques-uns des writers qui ont marqué mes débuts et qui m’ont forcément influencé. Je suis d’ailleurs chanceux d’avoir pu en côtoyer une partie dans la suite de mon parcours. Vices, Ciel, Exper, Mode2, Woody, Slice, Sew, Jack2, Ideo, Noise, Mets, Doen, Cosla, Oclock, Jay1, Nose, Pner, Soone, Samsey, Trane, Sike, Snake, Kongo, Decap, Boxer, Skweez, Vision, Colorz, Hipy Rip, Reso, Abel, Ja, Haeck, Pocho, Cloun, Dixe, UV, TPK, 313, CLM, D77, SDK…

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