Depuis plusieurs années, les trains de banlieue de Dortmund sont transformés par Screw, un graffeur allemand à l’imagination débordante.

Pas de wildstyles illisibles mais des détournements de logos, des lettrages simples et originaux accompagnés par une galerie de persos issus du monde farfelu des Simpson’s ou de La Bande à Picsou en passant par Popeye, Garfield, Futurama… bref, Screw a des idées à la pelle. Reconnaissable au premier coup d’œil, sa touche perso apporte une dose d’humour qui tranche radicalement avec la grisaille ambiante de la Ruhr.

Mon approche consiste simplement à mettre de la bonne humeur dans les graffitis et dans la vie de tous les jours, d’apporter un petit quelque chose qui fait sourire. J’ai toujours aimé faire des trucs avec de la pub, des cartoons, des dessins animés.

J’ai pas mal flashé sur le graffiti new-yorkais des années 70/80, surtout les trucs avec de la typo et des persos, j’adore le wholecar avec les boites de soupes Campbell de Fab Five Freddy par exemple.

À un moment donné, quand j’ai finalement été prêt à en faire moi-même, j’ai commencé à truquer des logos, à utiliser des objets de tous les jours et à utiliser différents matériaux dans mes pièces.

J’observe souvent les réactions de gens ordinaires. Par exemple, ils s’arrêtent et lisent les punchlines, des fois ils rigolent, prennent une photo ou touchent les trucs accrochés.

C’est une des raisons pour lesquelles je peins ce genre de persos, je veux amener le graffiti aux gens ordinaires. Pour qu’ils comprennent que les graffeurs font aussi un effort et ne se contentent pas de barbouiller quelque chose, comme ils ont l’habitude de le penser.

Je trouve les Simpson plutôt cool. L’émission a un bon sens de l’humour, les personnages sont impressionnants et ils passent à la télé tous les jours depuis vingt ans. Presque tout le monde les connaît.

Je m’inspire beaucoup de la bande dessinée, j’adore utiliser les personnages qui incarnent les gendarmes et les voleurs.

Les gens lambda n’arrivent pas à savoir si le style posé sur le support qu’ils regardent déchire ou pas. Ils ne réagissent pas par rapport au graff, peu importe à quel point le style est cool. Ils n’ont jamais fait de lettrages et ne peuvent pas les comprendre. Mais dès que les couleurs sont attrayantes, dès qu’il y a un personnage, que le message est politique, qu’ils voient quelque chose en rapport avec une publicité ou une référence qu’ils connaissent, ils commencent à réagir.

J’aime tout autant les styles old school ou innovants, mais mes propres lettrages ne sont pas fous. Je préfère avoir un concept original et le réaliser, même si c’est une blague. C’est un truc que je continuerai à faire tant que j’ai des idées.

J’ai adapté mes pièces en fonction des saisons. Les confettis pour le carnaval, les feuilles pour l’automne, et la laine de coton pour l’hiver. J’aurais bien aimé faire un truc pour l’été, mais ça ne marche pas toujours comme on veut.