Graffiti et tatouage font souvent bon ménage, et nombreux sont les writers qui se lancent dans l’aventure du tattoo. Mais déjà que c’est pas simple de sortir du lot dans le graff, il se trouve que l’univers du tatouage… est encore plus impitoyable. Rekor arrive à tirer son épingle du jeu dans les deux disciplines.

Discussion pas toujours très sérieuse, entre deux bourdonnements de machine à piquer.

Peux-tu te présenter ?

Bonjour, je m’appelle Léo, j’ai 33 ans, je suis toulousain de souche, mon nom de graffiti est Rekor. Je cherchais un blaze qui ressemblait à rockeur vu que je jouais dans un groupe de métal ! Aujourd’hui j’ai ouvert un studio de tatouage, le Sunset Tattoo Toulouse, mais je consacre pleinement le peu de temps qu’il me reste au graffiti – et à la fête aussi j’avoue…

Quand et où as-tu commencé ?

J’ai commencé il y a plus de quinze ans à Aurillac. J’ai passé cinq ans sur la banquise française dans un lycée pro pour étudier les disciplines graphiques.

Comment as-tu fait tes premières armes ?

C’est à l’internat de ce lycée que j’ai rencontré mes potes du P1K et PMB crew, c’est à cause grâce à eux que je suis tombé dans le graff. La semaine au lycée, c’était la guerre des stickers sur les gouttières et les machines a bonbons du foyer ! Le mercredi aprèm on avait le droit de sortir de l’internat, donc on partait avec nos patins à glace peindre avec nos trois bombes au skate park d’Aurillac.

Des références, des modèles ?

En Graffiti, je me suis beaucoup inspiré des gens avec qui j’ai peint mais aussi de ceux que l’on voyait dans les mags. Dans un ordre chronologique je dirais approximativement : PMB crew, P1Krew, Reso et donc le LCF crew, inévitable à Toulouse, en passant par des gros comas devant les prods des MSK, des branlettes devant les tueries de Zoer et Kryo CSX, et des crises de foie pendant la grande période des Wild Boys, Kems, Dems, Rage… Tout le gratin quoi ! Aujourd’hui je kiffe bien les murs de Sukoe ou encore Kosem.

En dehors de tout ça, je tire mes inspirations des choses que j’aime dans la vie de tous les jours : la nature, les dinosaures, les robots, le psychédélisme, les poissons, la drogue oups euh non pas ça évidement… merde comment on se rétracte ?

On peut pas, c’est gravé sur les internets pour toujours. Et sinon, avec qui peins-tu ?

Ouhlala c’est de plus en plus dur d’accorder mon emploi du temps avec celui de mes potes, donc pas grand monde. Récemment avec l’amigo Debza. J’essaye de m’organiser un graffiti trip avec mon camion pour le début d’été histoire de faire des gros murs, des jams, et voir des copains… à bon entendeur !

Peins-tu exclusivement des murs ?

Oui seulement des murs, des longs murs… Je n’arrive pas a m’éclater sur des petites surfaces ou du cellophane.

Plutôt chrome ou couleurs ?

Mmaaaaaaahhhh j’aime le chrome, mais j’aime encore plus la couleur… C’est un peu comme si tu me demandais : Plutôt tartiflette ou fondue !

Ça voyage un peu ?

J’ai beaucoup voyagé en Europe pour peindre, et j’ai peint pendant mes voyages dans le monde. Tu saisis la nuance ?

Et le vandale ?

J’ai commencé par le vandale mais j’ai arrêté depuis sept ans environ. Le gueuta me manque terriblement mais au moins je n’ai plus cette paranoïa permanente qui te suit partout quand tu te balades dehors.

Plutôt sketch sur papier ou sur tablette ?

Je n’aime pas trop sketcher, je ne sketche d’ailleurs jamais avant de peindre un mur. Quand je suis vraiment en manque de graffiti a cause de mon emploi du temps ou de la météo, je me sers de l’iPad Pro du boulot.

Comment et pourquoi t’es-tu mis au tatouage ?

C’est un métier que j’ai toujours voulu faire. Quand j’étais petit, il était hors de question pour moi d’être flic… Ma maman m’avait rentré dans la tête que vu mes notes à l’école mais aussi l’état de ma chambre, je ne serais pas capable de gérer l’hygiène et la rigueur du travail de tatoueur. Finalement je me suis quand même lancé. Un peu tard certes mais je ne regrette rien, non riennn de riiieennnn… Je suis fier d’en être là aujourd’hui.

Quel est le lien avec ta pratique de graffeur ?

Le tatouage et le graffiti sont deux choses bien différentes. Certes les supports sont atypiques mais les techniques sont opposées. J’ai un petit concept qui me permet de mélanger mon graffiti et mon style de tatouage : les graffitis totems, ce sont des graffitis verticaux mélangés avec des animaux, symboles ou créatures. Ça fonctionne bien je trouve et j’aimerais en faire plus.

Participes-tu à des expositions ?

Non ce n’est pas mon délire, mais j’aime bien quand même manger des petits fours aux vernissages.

Des projets ?

En ce moment je m’éclate à faire des stickers, des tirages photo, des sérigraphies. Je les vends a petits prix ou prix libres, tous les bénéfices je les refile à l’organisation Sea Shepherd. Tu peux jeter un œil à tout ça sur mes réseaux sociaux : Hardrekor ou Hardrekortattoo et Sunset Tattoo Toulouse. Je suis aussi ouvert à des collabs ou autres projets déco pour des festivals ou free parties…