Du train belge en veux-tu en voilà avec notamment des focus sur Oviol, Crazy.B (pas le DJ) et Levis501 (pas le futal), et une sélection de photos argentiques des rues de Barcelone, Paris, New York et Montréal : c’est le menu que nous ont concoté les Editions Premier pour les 130 pages de ce sixième numéro de Bohemians Magazine, un des rares mags de graffiti ayant survécu à la disparition du papier. On serait en 1998, il en aurait imprimé des tonnes. Mais en 2018, il s’agit surtout de faire plaisir aux amateurs d’objets rares. Du coup c’est un tirage limité de… 100 exemplaires !

On profite d’un passage à Bruxelles pour rencontrer l’homme à l’origine du projet, Benjamin Premier. Rendez-vous est pris, direction la Grand-Place pour s’enfiler un boulet frites sauce lapin (à la liégeoise !), et discuter autour d’une Jupiler bien fraîche (incontournable).

Comment es-tu tombé dans la marmite des magazines de graff ?

J’ai découvert le graffiti à la fin des années 90/début 2000, j’utilisais à l’époque des appareils jetables pour archiver mes peintures et celles de mes potes. J’ai ensuite dégoté un Konica Minolta, la qualité des photos était clairement mieux, mais je n’avais visiblement pas l’âme d’un photographe. Au moins nous avions une trace de nos peintures. Quand j’ai eu mon premier appareil numérique, j’ai commencé à prendre beaucoup de photos d’autres gens, à la gare, sur les voies, dans la rue… A côté de ça, j’ai toujours été très friand des magazines, fanzines, livres dédiés au graffiti, mais l’idée d’en faire ne m’avait jamais traversé l’esprit. En 2013, je reviens de Berlin après y avoir passé plus de trois ans avec l’idée de faire un livre sur les portes de la ville. Avec mon amie Sara, on décide alors de faire le livre Doors of Berlin. A partir de ce moment là, je me suis pris au jeu de l’édition, de la photo d’archives et de la documentation.

Quels sont les ingrédients de Bohemians ?

J’essaye de beaucoup voyager, dès que j’ai un peu de temps libre et des sous, je bouge. Sans oublier d’emmener avec moi des cartes SD et des pellicules afin de prendre un max de photos des villes que je visite, pour montrer à mes lecteurs des scènes graffiti qu’ils ne connaissent pas forcément, ou dont ils n’ont qu’un aperçu sur Instagram. J’essaye de présenter au minimum deux villes dans chaque numéro. Bruxelles est présente dans chaque numéro, à part dans le cinquième qui était consacré à Los Angeles, San Francisco et Miami. Je vis à Bruxelles, au delà du fait que c’est simple pour moi de faire un focus sur la ville à chaque numéro, la scène est très active et surtout très intéressante, il y a sans cesse de nouvelles choses à voir.

Pourquoi un magazine imprimé ?

J’ai grandi avec les fanzines, magazines et autres livres, que ce soit graffiti ou non. L’objet est très important à mes yeux, c’est quelque chose qu’on garde, qu’on prête aux potes, qu’on peut relire plus tard. Il y a toujours des choses à redécouvrir sur les photos. Alors qu’Instagram, ce n’est qu’un flux incessant. Tu postes et douze minutes plus tard ça tombe dans les méandres d’Internet. J’utilise bien entendu Instagram comme quasiment tout le monde, mais j’essaye au maximum de ne pas poster les photos de mes magazines sur mes différents comptes.

Pourquoi publier des photos argentiques ?

Le rendu des photos argentiques est incomparable. J’aime récupérer les développements sans savoir ce que ça va rendre, ça me rappelle mon adolescence. Dans un objet imprimé, je privilégie la qualité par rapport à la quantité.

Pourquoi avoir choisi Oviol, Crazy.B et Levis 501 pour tes focus ?

Ils font partie des personnes les plus actives sur trains durant l’année qui vient de s’écouler. Je trouvais donc intéressant de mettre en avant leur travail et leur approche : bien qu’ils utilisent tous les trois le même support, rien n’est pareil.

Peux-tu m’en dire un peu plus ?

Je pense qu’ils préfèrent rester discrets, à part peut-être Oviol qui mérite une interview sur Drips.

S’il est chaud, on est partant ! Et d’ailleurs comment ça se passe le graffiti sur trains à Bruxelles ?

La scène train en Belgique se porte très bien, comme toujours. Pour Bruxelles, c’est assez aléatoire en ce moment.

Quelle impression tu gardes de Barcelone, Paris, New York et Montréal ?

Barcelone, niveau graffiti c’est un petit bout de France en Espagne. Idiot a bien travaillé là-bas, il y a une belle scène vandale dans les rues.

Paris restera à mes yeux toujours unique, l’ambiance, le style. Bien que je n’y vive plus depuis très longtemps, je suis toujours surpris à chaque fois que je viens, surtout depuis ces deux dernières années.

J’hallucine sur le nombre de pièces, de trains, de métros. C’est cartonné comme jamais je ne l’avais vu, ça me fait penser à New York qui est bien ravagé aussi. Toits, métros, stores, camions, tout y passe ! L’énergie de cette ville est sans limite, j’ai vraiment envie d’y retourner pour une publication un peu plus poussée.

Enfin, Montréal dans l’ensemble est assez propre par rapport à New York ou aux grandes villes européennes. Tout se passe dans les petites rues qui longent les grands axes. Le buff est réactif, mais la scène est très motivée et les styles sont là.

On a eu le droit de feuilleter ce Bohemians Volume 6 en exclu-lulu, mais du coup quand sort-il vraiment et où pourra-t-on le trouver en France ?

Le mag sort officiellement le 4 Juillet 2018, en vente sur Allcity.fr.

Des idées pour le prochain numéro ?

On part explorer les rives de la Méditerranée !