Mes premiers contacts avec le graffiti ont été les trains d’une ligne privée de la côte Sud-Est espagnole. Entièrement peints, ils passaient toutes les trente minutes en face de ma chambre et rythmaient mes parties de FIFA 98. En 2001, je commence le graffiti sur la côte ouest française, premiers trains dans les années 2003, puis à partir de 2006, commencent les choses sérieuses…

J’ai rapidement décroché des tags et des pièces ailleurs que sur les trains. J’ai toujours été fasciné par l’idée de peindre autre part que chez moi. De par mes origines et ma situation géographique, je me suis toujours senti plus proche de la scène espagnole que de la scène française.

#1 2006 – Épopée « Aquitaine Art »

Je quitte le domicile familial, direction la capitale régionale. Un seul objectif, mis à part les études : peindre les trains de la région. S’écoulent alors les deux premières années d’activisme qui représentent pour moi l’âge d’or de mon parcours ; entre motivation, insouciance et illusions… Période qui s’achève par la création d’un livre à la « Hainemy » sur les productions de cette époque.

#2 2006 – Topo Semana Grande

Retour en terre natale : on se motive avec mon binôme de l’époque pour traverser la frontière et faire « ce qui ressemble le plus à un métro pour nous ». On est jeunes, super motivés mais pour être honnête, on ne connaît et comprend pas grand-chose… La chance du débutant sûrement, on se retrouve finalement à peindre ! On ne comprendra que bien plus tard que ce plan était un « tombolo » et qu’on ne le reverra plus jamais.

#3 2007 – Marseille, premier métro

Un super souvenir, je suis « encadré » par des gens expérimentés et profite de leur organisation. Je n’aurais qu’à suivre et à cacher discrètement mes peurs. En revenant de ce voyage, j’éprouve un sentiment d’accomplissement énorme que je ne retrouverai plus avec la peinture. Avec le recul, quelle connerie d’aller peindre mon premier métro avec des bombes péta de mauvaise qualité ! Je referai cependant cette bêtise jusque dans les années 2012…

#4 2007 – Inox Rouge avec les touristes

On est toujours dans l’époque « Aquitaine Art ». C’est le modèle emblématique de notre région à cette période. Il arrive qu’il tourne pendant des mois sans être effacé ! Ce jour-là, fait particulier, c’est mon premier souvenir d’avoir rencontré des « touristes » : ils sont portugais, de retour d’InterRail, et ont des appareils photos remplis de panels à travers l’Europe. On sera mis en relation par un pote, je les invite à la maison, on va peindre ensemble, on baragouine en anglais… J’ai vraiment l’impression de rentrer dans une communauté et c’est super intense.

#5 2007 – Bern et les premiers voyages

Après Marseille et les premières rencontres à Bordeaux, je ne compte pas m’arrêter là. Je veux moi aussi être « touriste » ! Une de mes premières destinations sera la Suisse. Toujours encadré et en mode pilote automatique, je ne me rendrai compte des vraies difficultés du game que dans les prochains voyages, avec des gens de mon expérience. Cet été là, sera mon premier InterRail, je rentre avec 5 systèmes mais il m’en faut plus…

#6 2010 – Londres, premiers backjumps et voyages en solo

Petit backjump à Londres lors d’un voyage seul pour rendre visite à mes amis anglais. L’euphorie des débuts est passée ! Je me rends compte que cela ne pourra pas durer éternellement comme au commencement, je reste cependant motivé et suis maintenant organisé. Entre les billets InterRail que j’arrive à fabriquer moi-même et les débuts du low cost aérien que j’exploite à fond, je commence à remplir l’album. Durant cette période, je change radicalement ma manière de peindre. Tout seul à certaines occasions, fainéant pour les nuits de rôdage et peureux face à la sécurité, j’essaie de peindre vite, souvent en backjump.

#7 2012 – Agur UT3500 Euskotren

Ayant compris ma chance sur la photo #2 et après m’être cassé les dents quelques fois de retour au pays, je me vengerai à cette période, en validant mon appartenance régionale.

#8 2014 – Ljubljana InterRail

En InterRail tout seul dans la capitale slovène avec juste un panel dans le sac, je rencontre deux italiens dans le dépôt. Sympathiques, ils me « payeront » la peinture afin de faire un end-to-end commun sur ce modèle polonais. Ce sera un de mes plus gros voyages, pendant environ un mois à travers onze pays. Bizarrement, alors que je deviens professionnellement établi dans la vie, ma motivation augmente de façon exponentielle. Je me retrouve complétement dans la peau de Dr Jekyll et Mr. Hyde; parfaitement intégré la journée, je ne pense cependant qu’à une chose : VOYAGER, PEINDRE, VOYAGER, PEINDRE, VOYAGER, PEINDRE…

#9 2015 – Philadelphie

En plein America Tour, on débarque à Philly. C’est « soit-disant »  facile, mais finalement y a un sécu dans la tête du métro toute la nuit… Il y a « soit-disant » personne qui peint aux Etats-Unis, mais on trouve quand même trois hollandais dans les buissons qui attendent depuis six heures et qui n’ont pas vu le sécu ! On finit entre deux métros bien collés à l’autre bout du dépôt, sans bonne photo. Je pense que ça résume bien les voyages, les « soit-disant » et les « askip ». Ça couille toujours et c’est ça qui les rend toujours intéressants, l’Aventure avant tout !

#10 2015 – Tombolo sur suppo

«J’aime ce modèle !». Rien qu’avec cette phrase, je pense que tout est dit… Au-delà de la provocation, je ne suis pas atteint de cette nostalgie ferroviaire du modèle. Je chasse la ligne ou le M mais assez peu le modèle en lui-même.

#11 2017 – 1UP de Donosti

Pendant cette période, on se motive à fond à faire que des pièces de groupe. Y a rien de novateur, c’est souvent moins de deux minutes complètement dégueu, mais ça fait un bien fou. On est souvent sept ou huit, on checke rien, l’adrénaline est au maximum : pour moi, c’est du graffiti pur.

#12 2021 – Mexico

C’est l’époque Covid, mais bizarrement les voyages ne se sont pas arrêtés durant cette période, hormis sur les trois premiers mois. C’est stressant niveau organisation et certaines fois quand on pense aux conséquences – et je ne parle pas des 135€ d’amende à la française – mais ça bouge de partout, on sent bien que les gens profitent des opportunités à fond. Le Mexique, c’était sur ma liste depuis super longtemps, une fin en soi quasiment. On ira cependant de déception en déception durant ce voyage. Bilan, une action où on se fait surprendre par un chauffeur au bout de même pas cinq minutes. Photo pourrie, collée au mur… Trois mois après mon retour, ma motivation est finalement intacte. What’s next ?!

En attendant le prochain voyage, je viens de lancer avec mon ami de French Kiss Magazine, un poster Official European Champion’s League sur les différents métros et métros fake de la zone européenne. Un projet bon enfant et décalé pour cocher les différents métros « validés », avec des macarons de niveau à mi-chemin entre les badges Pokémon et les vignettes automobiles des années 90, mais aussi un QR code avec un tableau des scores online. Allez jeter un œil !

Plus de photos d’Oleg ici.