Noël ! Ce matin, Mamie a été très généreuse. Au pied du sapin, les trois magazines incontournables de 2018 : Bomber, Stylefile et Concrete. Car oui, il semble que ce soit désormais devenu la règle : chaque année, tout le monde attend le mois de décembre pour gratter un peu Mémé et peut-être trôner sous l’arbre de Noël.

Pour les gros budgets, quelques passionnés ont sorti de beaux bouquins qui valent le détour : Paris Saint Lazare revient sur les années d’or de la ligne PSL, l’ami Rap nous propose cette année Away Of Life. Puis il y a le bouquin des FD sur leurs camions parisiens, celui de Skweez sur sa période train gris, Sky’s The Limit et ses façades géantes, et quelques autres pépites encore.

Mais grâce à Macron, cette année Mamie n’a pas trop de sous. Elle s’est donc recentrée sur les fanzines, pour faire plaisir quand même à son petit-fils.

On commence donc la revue de presse par Bomber Megazine. Bon pas de bol pour mère-grand, pour un magazine il n’est pas donné : 20 balles, soit un tiers de sa maigre retraite (oui oui, on a fait le calcul)… mais en y regardant de plus près et à bout de bras, le machin pèse trois tonnes et fait 320 pages !

Bomber, qu’est ce que c’est ? Le magazine de graffiti le plus vieux d’Europe, tout simplement. Parti de quelques numéros en photocopies reliés dans une cave, quelque part en Hollande dans les eighties, et après avoir tenu le haut du pavé pendant quelques dizaines d’années, le magazine vivait une retraite paisible… Jusqu’à ce que son créateur, Bomber Johan, ne se mette en tête de publier un ultime numéro « anniversaire » pour fêter les 30 ans du titre.

Après lecture, pas de doute : les contributeurs ont répondu présent à l’appel, et on est bien un niveau au-dessus de tout, comme à l’époque. Au sommaire, beaucoup de trains et de métros comme depuis toujours, à commencer par ceux de la scène hollandaise. On notera une session mémorable avec Furious, le mec qui s’est mis en tête de reproduire à sa sauce toutes les pièces de Subway Art – une mission de longue haleine dont ou vous parlait ici et .

Puis on ne sait plus ou donner de la tête : les scandinaves Smet AOD, Dart et les NER sont sous les projos, on se plonge dans les archives de Rhyme CBS, pionnier de la scène du métro d’Amsterdam, puis Suicide DTS, Sales SCC, les DEFS crew, les GBR suivis par Ed Night, les FOFS, Skel, Taps, Samsn, une rétrospective en hommage à Risk… Enfin, c’est le grand déballage, avec des photos des TPG, FYA, OH, Sel, Mind…

Bref ça valait le coup que grand-mère se saigne. A noter en bonus pour les premiers arrivés, le petit sticker exclu de Flying Förtress, ça fait toujours plaisir.

On enchaîne avec Stylefile. Ultime survivant de l’âge d’Or des magazines de graffiti, Stylefile est un des rares à rester droit dans ses bottes, avec plusieurs publications par an. Cette fois c’est T-Kid qui fait la couv du fanzine allemand, avec également un bon focus sur lui à l’intérieur.

Pour le reste, la ligne éditoriale reste fidèle à elle-même, avec de beaux murs et pas mal de trains allemands. Hiper de Hamburg y est interviewé, le prolifique peintre de Hambourg ouvre ses books pour l’occasion. Rusto également, le fameux graffeur italien. Au total, presque 100 pages de graffiti pas vu sur Instagram !

Enfin, petit détour par les pays de l’Est au sens large du terme, avec les Polonais de Concrete Magazine qui sortent leur numéro annuel. Au menu, la toujours très prolifique production de la région, teintée d’une bonne dose de nostalgie pour une fois. En cause, de beaux reportages sur les derniers trains pantographes de Prague, les derniers voyages des anciennes rames du métro de Budapest, ou encore les anciens S-trains d’Istanbul. Un peu comme chez nous avec la mise à la casse des plus beaux trains du pays, invariablement remplacés par beaucoup de plastique…

Bref on diverge. En gros pour ce Concrete, du train et beaucoup de métros, et 156 pages à décortiquer longuement au coin du feu.

Si vous aussi vous avez une mamie (ou un papy) cool, les magazines en questions sont trouvables ici. Joyeux Noël les girafes !