164 pages, la participation d’une savoureuse brochette d’artistes internationaux – Aryz, Henry Chalfant, Okuda, Aper, Mark Bodé, Brus, Dabs&Myla pour ne citer qu’eux – et au final un beau livre de collection qui touche à toutes les facettes du Graffiti : c’est Tramontana, un projet original de Montana Colors qui vient tout juste de voir le jour. Sur la couverture, pas de prix et pour cause : il est gratuit.

En France, Tramontana est disponible sur le net uniquement sur le site de notre partenaire, Allcity.fr. Il suffit, à l’occasion d’un achat, de le glisser dans son panier en tant que cadeau.

La soirée de lancement officielle vient d’avoir lieu à la Montana Gallery de Barcelone. C’était l’occasion d’aller y boire un coup , et surtout de rencontrer Antonio Garcia Mora, l’homme aux manettes du projet pour MTN.

 

Comment est né Tramontana ?

Jordi, le boss de Montana Colors, m’avait parlé de ce projet qui lui tenait à cœur dès mon premier jour de travail chez MTN. J’avais en effet dix ans d’expérience en tant que coéditeur de Serie B, un magazine qui se focalisait sur la scène Underground espagnole et internationale. Mais ce n’est que récemment que nous avons pu libérer le temps nécessaire pour mener à bien la production du magazine. Tout est parti d’une simple phrase : « ça y est, on va lancer Tramontana, prend tout le temps dont tu as besoin pour le faire bien ». Ce témoignage de confiance allié à mon excitation de remettre un pied dans le monde de la publication m’ont réellement boosté. Beaucoup de travail donc, pour aboutir au lancement de ce premier numéro plein d’émotions.

Effectivement, certains articles touchent la corde sensible. Pourquoi ?

J’ai axé le tout autour d’un thème commun : celui des souvenirs. Que l’on soit un ancien issu de la première génération de graffeurs, quelqu’un qui gravite autour de cette culture ou encore un pur produit de la nouvelle école, on a tous la mémoire en commun. C’était donc une porte d’entrée pour que les artistes puissent se dévoiler face aux lecteurs en exposant leur coté humain dans tout ce qu’il a de plus personnel et caché.

Pas trop dur de jongler avec autant de contributeurs de renom ?

Quand on gère autant d’intervenants de haut-niveau, on commence à capter leur vrai mode de vie et à quel point ils sont occupés. Sur Insta on n’a que les photos, mais derrière cette façade il y a un vrai emploi du temps de ministre… C’est pourquoi nous sommes reconnaissants qu’ils aient pu fournir tous les efforts nécessaires à ce premier volume. J’aimerais d’ailleurs profiter de cette occasion pour mettre en avant l’excellent boulot d’Ángel Sanz, l’autre moitié de Tramontana. C’est lui qui a su le mieux véhiculer l’esprit du mag auprès des artistes.

Tramontana donne la parole aux peintres, aux « trainistes », mais aussi aux photographes et aux galeristes. Pourquoi ?

Une de mes plus grandes inquiétudes avant de me lancer dans un projet journalistique est de savoir comment faire partager au lecteur mon intérêt pour ces personnes tout en les laissant libres de s’exprimer et de démontrer leur talent. Je voulais mettre en avant ces histoires, immortaliser ces souvenirs, en leur redonnant vie dans le présent.

Je considère que tous ces témoignages font partie de la base de données du mouvement et contribuent à la préservation de cette culture. Les prochaines générations pourront ainsi y avoir accès et c’est comme ça que l’Histoire de cette scène se construit. Nous participons tous à son écriture, que l’on soit writer, galeriste, promoteur, journaliste ou photographe.

Scaner, Tretze, Risk, il y a des articles personnels et touchants sur les récentes disparitions dans le mouvement…

Cela nous paraissait indispensable de réserver un espace à la mémoire de personnes aussi douées et attachantes que Scaner et Tretze. Nous avons passé de nombreux moments avec eux pendant lesquels ils nous ont toujours fait bénéficier de leurs valeurs et de leur esprit positif.

L’implication de Kay, la femme de Scan, a permis de regrouper le premier cercle d’amis de cet artiste et de les laisser donner libre cours à leurs sentiments. Aryz quant à lui a laissé parler une de ses peintures, un portrait de Tretze qui accompagne ce moment de vie capturé par l’objectif de Brazo de Hierro. Et que dire de l’histoire racontée par Egs autour de son dernier week-end avec son ami Risk : un compagnon d’aventures doublé d’un artiste qui vivait pour le Graffiti.

On manque de mots quand on veut décrire les émotions qui nous submergent face à ce type de contenu. Tant de personnes exceptionnelles qui ne sont plus des nôtres ici-bas mais dont le souvenir reste gravé dans notre mémoire.

Un ouvrage 100% gratuit, pas de publicité… bref c’est cadeau ! Pourquoi ?

C’était la condition première : la gratuité. Une diffusion maximale et priorité au contenu sans perdre l’esprit, ce « souffle de Tramontana ». Et pas de pub, car nous avons essayé au mieux d’illustrer la scène sans avoir à y inclure notre marque de manière envahissante. Ces valeurs rendent Montana Colors unique dans le secteur et dans le monde du business en général. A un an de son vingt-cinquième anniversaire, MTN est conscient des responsabilités qu’elle a envers son audience et la scène Graffiti en général.

Du coup, comme tu dis c’est un cadeau, 15 000 cadeaux pour être précis, que nous sommes ravis d’envoyer sur les cinq continents. On espère pouvoir le refaire, et pendant longtemps !