C’est la triste nouvelle de cet été à Paris : Myles Carter, alias Meo des 93NTM, nous a quitté en Juillet 2018. Fils de Ron Carter, un musicien de jazz américain, Myles se met au graffiti dans le métro new-yorkais. En 1987, il débarque à Paris et se fait rapidement remarquer en éclatant le métro à coups de throw ups et de tags… avant de rencontrer Sheek et d’intégrer les KOP et les TCG, futurs 93NTM.

Du graffiti vandale au monde des galeries, en passant par les fresques freestyles, Meo a marqué une époque et de nombreux esprits. Retour sur l’itinéraire d’un graffeur new-yorkais, parisien d’adoption.

Steph & Meo, Paris, 1987

Je suis venu à Paris pour la première fois en 1976. Les seuls graffitis dont je me souviens étaient des slogans politiques, des Le Pen ou des Femmes Fatales, mais aucun tag. J’en ai fait quelques uns dans la rue, mais très peu. Je préférais plutôt voler des mobylettes pour me balader dans le bois de Boulogne jusqu’à ce qu’elles claquent. Alors, quand je suis revenu en 1987, imaginez mon bonheur quand j’ai vu des tags dans le métro, du vrai graffiti. Je me suis mis à faire des throw ups sur les rames, personne n’en faisait vraiment. C’était tellement cool de voir mon M sur le métro avec des couleurs vives arriver en station. Assez rapidement, je suis devenu le King du throw up. Mais je me suis rendu compte que j’étais recherché par les flics de la RATP, il y avait de plus en plus de détecteurs dans les tunnels et davantage de rondes dans les dépôts. Le jeu n’en valait plus la chandelle, surtout après le reportage de La Cinq… diffusé un jour après que la RATP annonce son plan de lutte contre le graffiti.

Depuis 1977, je fais des dessins et des peintures freestyle, je m’y suis mis à l’école. Quand je suis arrivé à Paris, j’ai vu les lettrages de Colt et les persos de Mode2. Je ne pouvais pas rivaliser avec eux. J’avais envie de faire mon truc, d’être complètement différent, de pouvoir m’exprimer tout en ne tombant pas dans les stéréotypes du graffeur. Je voulais être le meilleur dans ce que je faisais.

Le freestyle est devenu un moyen d’exprimer des émotions, le mouvement, l’action. Ça m’a permis de casser les codes du graffiti. Peindre avec des couleurs fluorescentes n’avait jamais été fait. Je balançais aussi de la peinture pour donner une idée de mouvement. Utiliser un pinceau n’était pas vraiment bien vu non plus. Tout ça m’a donné un type de ligne différent de celui obtenu avec une bombe de peinture.

Depuis la disparition de Meo, les hommages se multiplient.

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