Enfant caché du film Tron et d’un trip sous LSD, le style de l’espagnol Dems est reconnaissable au premier coup d’œil, largement imité mais jamais égalé.

On se prend les années 80 en pleine face et ce ne sont pas les dégradés fluos et les fonds galactiques qui vont nous contredire… Mais derrière les néons, les pixels et les trames on retrouve de solides bases de lettres graffiti issues de ses recherches continues depuis le début des années 90.

En partant du principe que tout a déjà été inventé, les ingrédients sont là : formes et couleurs. Chacun le cuisine à sa sauce. S’il y en a un qui perd la main et qui se brûle, c’est son problème. C’est très facile.

Simple et graphique tout en restant traditionnelle, Dems développe une identité visuelle rétrofuturiste reconnaissable au premier coup d’œil. Les influences sont assumées : les comics de Kirby, les films de Kubrick et surtout l’imagerie pop, robotique et cosmos des séries Z des eighties. On ajoute par-dessus les palmiers d’Elche (sa ville d’origine au sud-est de l’Espagne) et les vapeurs des salles d’arcade et on obtient un cocktail détonnant qui va influencer de nombreux writers.

Le virage déterminant dans son art s’amorce en 2010 quand il intègre le graffiti supergroupe Ultraboyz. C’est aux cotés de Pantone, Pro, Sozy ou encore Jaba que son travail va s’étendre et se décomplexer.

C’était comme si j’avais rencontré l’œil de la pyramide. UB’s est un groupe de « supervillains » dans lequel, en plus du graffiti, chacun a une fonction et un plan machiavélique pour en finir avec l’espèce humaine…

Ses fresques s’apparentent aux nappes d’un synthétiseur passées par la moulinette d’un oscilloscope bien à lui. Une bande son visuelle qui joue à la fois sur la nostalgie et le regret d’un futur qui n’aura jamais pris forme.

Je respecte autant celui qui ne fait que des graffs les weekends que celui qui fait des chromes toutes les nuits, même si le rythme n’est pas le même, chacun suit ses règles selon ses moyens.

Aujourd’hui, même s’il continue à innover sur des murs et des façades aux quatre coins de la planète, c’est en atelier que Dems va pousser le plus loin les frontières de son œuvre à grand renforts de toiles, sculptures et autres installations.

A l’occasion de la sortie de leur 50ème numéro, Stylefile Magazine a réalisé une interview du plus laser des graffeurs espagnols. Comme le veut la tradition il signe également la couverture :