A Marseille, depuis plusieurs années, Hams, Eliote et Ishem peignent dans les rues et dans de nombreux lieux laissés à l’abandon.

Profitant de la restructuration de certaines zones de la cité phocéenne, ils développent leurs lettrages atypiques, équipés de rouleaux et de peinture en pot…en plein jour.

On peint principalement dans le Nord de la ville : Bougainville, les Puces, la Joliette sont des quartiers en pleine mutation urbaine qui offrent de nombreux espaces de liberté, des murs en pleine rue, des terrains vagues, les berges des canaux, les voies ferrées, des lieux aux airs de no man’s land. A la différence d’autres quartiers, les habitants acceptent mieux notre présence et discutent plus volontiers.
– Hams

Tous ces quartiers en transition ou délaissés par les institutions publiques sont un bon laboratoire. Dans tous les cas, les intentions sont claires, que ce soit un chantier ou un bâtiment fatigué, ça changera à terme… ça passe.
– Ishem

Dans mes derniers graffs, je progresse souvent comme si je jouais à des jeux de constructions. J’aimerais me constituer une boîte dans laquelle je viendrais piocher et faire fonctionner différentes combinaisons.
– Hams

On peint au rouleau pour une raison esthétique et pratique. On peint beaucoup de murs et ça passe quand même souvent mieux que de la bombe sur mur, qui boit souvent les pigments des sprays. Pour avoir un bel aplat, rien de mieux qu’un coup de rouleau plutôt qu’un remplissage fadasse. Et puis il y a une raison économique, à Marseille, on trouve pas mal de peinture dans la rue.
– Eliote

Je fais de la peinture, le plus souvent des lettres, et en général mon nom plus ou moins contracté. Je reste attaché aux structures de lettres et aux enchaînements, puis la lettre devient une forme, une masse, une dynamique. J’essaye d’explorer, tout en gardant en tête la lettre, c’est pour elle tout ça. Je dois beaucoup à Alexis Poline, peindre à ses côtés pendant quelques années m’a fait mûrir.
– Ishem

Quand on peint dans des endroits un peu plus chauds on sort les sprays, plus rapides et silencieux sur store. La nuit à Marseille, ça se passe comme dans les autres villes. On reste vigilant, même si on est un peu plus tranquille, les gens ont pour la plupart moins le réflexe d’appeler direct la police.
– Eliote

Ces derniers temps, on a vu certains spots caractéristiques du centre-ville se figer sous des plans légaux de plus en plus officiels. Pour citer un exemple, la station Cours Julien où le graffiti s’était accumulé d’année en année, est devenue récemment la vitrine d’une vision acceptable du graffiti. Elle a été intégralement repeinte avec des fresques hautes en couleurs. Simultanément à cette nouvelle déco, la RTM a remplacé les rambardes en verre gravées et taguées à l’acide de l’escalier par des morceaux de grillages…l’un comme l’autre, des revêtements anti-graffiti assez inédits.
– Hams