Quel rapport entre usurpation d’identité, arnaque sur Facebook et graffiti ? La réponse : une vaste supercherie orchestrée par une galerie d’art de Mexico, dont Zedz a récemment fait les frais.

Plutôt que d’intenter une action en justice, le peintre hollandais, à qui on ne la fait pas, a préféré se rendre sur place pour mener sa propre enquête… et tant qu’à faire, peindre quelques murs. Retour sur les faits.

Au début du mois de Février 2018, Zedz est alerté par un post sur Facebook provenant d’une galerie d’art mexicaine, qui annonce sa participation à une exposition dont le vernissage prévu le 17 Février 2018.

Le célèbre graffeur hollandais Zedz, qui vit et travaille actuellement au Mexique, exposera ses œuvres ce 17 Février dans notre galerie.

Drôle de nouvelle, surtout que Zedz réside à Milan depuis un bon moment, et qu’il n’a jamais entendu parler de la galerie Art Affairs Sue. De plus le post ne contient aucune image de son travail, mais des choses complètement différentes.

L’autre jour, je découvre que je suis invité à faire une exposition le 17 Février 2018 à Mexico. La galerie n’est malheureusement pas assez maline pour m’envoyer une invitation, mais j’ai vraiment envie de voir mon expo.

Zedz

Plutôt que de se lancer dans une fastidieuse vérification des faits point par point, Zedz lance une campagne de financement participatif… pour se payer un billet d’avion, direction Mexico. Chose faite, moins de quarante-huit heures plus tard.

Il y a un autre problème, c’est que le personnel de la galerie pense que je vis et que je travaille à Mexico. Ils ne doivent probablement pas savoir que pour venir, je doive acheter un billet d’avion hors de prix.
– Zedz

Arrivé sur place, le mystère s’épaissit. La plupart des personnes qui ont liké le post habitent à Bangalore ou au Sri Lanka. Aucun résident de Mexico n’a liké le post ou la page Facebook. Avec la liste des membres du personnel dénichée sur le site de la galerie, Zedz découvre que la plupart des noms et des photographies ne correspondent à aucun profil Facebook ou LinkedIn. A douter de l’existence même de la galerie…

Le jour du vernissage, Zedz se rend à l’adresse indiquée sur la page Facebook, ce qui le conduit dans une rue d’un quartier résidentiel haut de gamme, Polanko. Aucune trace d’une prétendue galerie d’art, la ligne téléphonique reste désespérément en dérangement.

De retour en Italie, Zedz résume son enquête sur sa page Facebook :

De retour sur le continent, je suis désolé de revenir alors que la mission a été un échec. Je n’ai pas réussi à retrouver la trace de l’autre Zedz, ni à joindre la galerie : la ligne téléphonique était en dérangement. Ceci dit, j’ai récolté beaucoup de matériel et c’était génial de peindre sur place, et manger des enchiladas. A ma grande surprise, aujourd’hui j’ai finalement eu une réaction de la galerie. Déçu, j’ai découvert que je ne pouvais plus accéder à leur page Facebook (bien joué Art Affair Sue, vous êtes professionnels malgré tout). Le responsable de la galerie m’a expliqué qu’ils ne s’adressaient pas à un public classique et qu’il ne travaillait pas avec un artiste bas de gamme comme moi.

Pas de problème je peux faire avec. J’ai envoyé une série de collages du Mexique et je travaille sur un livre traitant de mon identité mexicaine. Il me faudra probablement un peu plus de temps que prévu, mais je suis sûr que ce sera aussi croustillant qu’un taco, ceux qui m’ont soutenu ne seront pas déçus.

Zedz a néanmoins pu réaliser ce que la galerie Art Affairs Sue promettait dans son communiqué, une série d’œuvres inspirées par Mexico. Les matériaux et les journaux collectés lui ont inspiré une série de sérigraphies et de collages qu’il a offerts à tous ceux qui l’ont aidé durant son séjour.

Une drôle d’aventure  donc, résumée dans cette vidéo postée sur son compte Instagram, à son retour à Milan :

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