Depuis 1996, produit lyonnais à base de Zeda, de Oche et de Aeme, servi avec des produits locaux, du Loop, du Bouze, ainsi que du Duke et du Erpi, accompagné de sa sauce grenobloise composée d’Awole, de Sonik, et de Fame. A déguster avec un bon 132.

#1 Aux bouchons lyonnais

À l’époque, à Lyon, il y avait deux gares et demi : Perrache et Part-Dieu, qui recevaient les trains grande lignes et les TER, et la petite Gare Saint-Paul, au cœur du Vieux Lyon, qui desservait la banlieue ouest de la ville. Les trains qui y circulaient étaient essentiellement des michelines rouges et beiges, parfois des toutes blanches qu’on trouvait seulement dans quelques spots autour de chez nous et parfois du coté de Saint-Étienne. On était nombreux à les peindre : DKR, NLK, KMF, 3BK, RJ, RDS, VO… et tous les crews de passage, qui venaient justement pour les blanches. Les pièces tournaient plusieurs semaines et on croisait souvent d’autres gars dans les dépôts, ou en tout cas sur les marches de l’escalier qui surplombait la gare, d’où a été prise cette photo. Un pur spot pour voir arriver ses panels en gare en toute discrétion, avec bédos, bières et copains. Cette fois là, c’était en 2000, avec mon blaze d’origine, accompagné d’Aeme, mon principal partenaire, et de Zeda, mon meilleur ami.

#2 Peindre des suppositoires

Quand ils ont commencé à remplacer les Inox et les Z2 par des bombardiers et des double-deck, on trouvait ça cool de voir arriver ces modèles un peu futuriste et super propre. Alors on a fait des pieds et des mains et pris encore plus de risques que d’habitude pour les atteindre. Avec le temps, on a compris qu’ils étaient nuls à peindre, faciles à nettoyer, et qu’à terme on ne trouverait plus que ça. On a regretté nos vieux Inox…

Celui-ci date de 2001 à Lyon. A cette époque, je faisais des lettrages Otis sur trains. Aeme commençait à faire ses canards. Zeda a fait un G.Wels pour l’occasion.

#3 Paris, mon amour

Elle voulait voir Paris, alors on est monté pour un weekend en amoureux… Le dimanche, le soleil n’a pas encore pointé le bout de son nez que je déserte le lit en scred. J’ai rendez-vous à 5h sur le bord de la route d’un bled en banlieue avec un membre des GAP dont je ne saurai jamais le vrai blaze. Ce jour-là, il a fait un panel Water, et moi mon premier Santo.

#4 Freaks of the week

Avec Awole, on s’entendait bien sur le son, on aimait notamment tous les deux la soul et la P-funk. Un soir, on est parti en mode hommage. J’ai fait un Maceo pour Maceo Parker et lui un Worell, pour Bernie Worrell. Srek a fait le perso qui n’a d’ailleurs rien à voir avec notre hommage. Il me semble qu’on a trouvé Lootre en train de peindre quand on est arrivé. Son pote faisait un wholecar sur l’autre wagon. Bref, c’était la fête. Le lendemain, on y est retourné pour faire un Clinton-Collins.

#5 Joyeuse Saint-Valentin

Dans la nuit du 13 Février 2003, sur un spot que je connaissais bien mais un peu loin de Lyon, j’ai fait un wholecar pour ma meuf sur un TER Inox et vert. La photo, qu’on dirait prise dans le dépôt, est pourtant celle du train en circulation au petit matin, en sortie de gare. En hiver, il fait encore nuit à cette heure là, et froid. Loin de chez nous, personne n’a voulu poireauter l’éventuel retour de jour. Le temps de faire la route, de déposer la pellicule et d’attendre le développement, je ne suis rentré que vers midi. Madame s’est inquiétée et l’accueil a été électrique. J’ai alors sorti la photo et j’ai vu son visage s’illuminer. C’est un peu canard comme histoire, mais je n’avais jamais publié cette photo, à cause de sa médiocre qualité et du côté sentimental.

#6 Le coup de l’ascenseur

Un jour, je reçois l’appel d’une équipe de parisiens qui passent par Lyon pour se rendre en Espagne. Évidemment, ils veulent faire le métro mais c’est hors de question pour moi, il y a eu des galères et j’estime que ce n’est pas le moment. Après avoir peint un train, je leur indique un dépôt de métros et les tuyaute sur ce qu’il y a à savoir, en sachant pertinemment que l’accès a été soudé et que c’est mort. Il est 5h, trop tard de toute façon, je vais me coucher.

Le lendemain, Enkiz m’appelle en panique, il vient de voir passer un métro peint en circulation. Ça n’arrive jamais, il veut comprendre. J’ai bien sûr une idée de qui il s’agit, mais c’est le comment qui me travaille !

La semaine suivante, nouveau coup de fil des parisiens, ils reviennent d’Espagne et veulent faire un second stop chez nous. C’était bien eux la dernière fois. Ils me proposent de retenter le coup ensemble. Leur truc, auquel on n’avait jamais pensé : utiliser les ascenseurs destinés aux personnes handicapées pour descendre en station. Un peu avant l’ouverture du métro, deux d’entre eux s’introduisent dans la station qui sert de terminus par un de ces fameux ascenseurs, et pénètrent dans le dépôt pour ouvrir la porte de secours au reste du groupe… Malin ! Quand les premiers métros automatiques se sont mis à sortir, on a attaqué l’un de ceux en stand-by, à quai. Je n’avais pas assez de sprays pour un bottom, pas de blanc, et le même orange que la rame en guise de sur-contour… Une pièce à chier mais un de mes meilleurs souvenirs d’action, que je dois à Mank, Homer et Coke.

Kif ultime de voir arriver son métro en station, à l’heure de pointe sur un quai bondé, et d’observer les réactions des gens, monter dedans avec eux, voir à nouveau leur réaction. Évidemment, ça n’a plus jamais marché après.

#7 Le temps passe à Paris-Saint-Lazare

J’ai lu quelque part qu’ils étaient en train de retirer les trains bleus du réseau PSL, qu’il n’y en aurait plus d’ici la fin de l’année. Celui-ci a été fait en 2003, avec mon pote des ATR qui changeait tout le temps de blaze, donc je resterai sur celui de la photo : Wiski. Un de mes blazes était Flech, mais comme lui, j’en changeais aussi à chaque nouvelle action.

#8 Squat à Bruxelles

Fin 2003, mon pote Enkiz me propose un faux ticket Interrail qu’il a pécho à Seek. J’ai pas de plan, pas de contact. Ma seule option, c’est Mir qui me propose de le rejoindre à Bruxelles. Il est sur la fin de son voyage avec Ciao, Haze et Clito. Arrivé là-bas, ils me présentent Acide, le local qui les accueille et chez qui je vais squatter une semaine de plus après leur départ. Il me trimballera de dépôt en dépôt et me connectera avec les FAME de Stockholm et les COS de Hambourg pour la suite de mon voyage. Je retournerai souvent à Bruxelles par la suite mais je n’ai malheureusement jamais recroisé Acide, je lui dois une dizaine de panels.

#9 Eins, Zwei, Polizei!

C’est une de mes photos qui a le plus tourné : le métro de Hambourg en 2003. La pièce est crade, en chrome et noir goudron, on a eu que six minutes au lieu des huit prévues. C’est quand même une de mes préférées pour des raisons affectives : mon premier Interrail, mon premier métro à l’étranger, et puis la grande leçon allemande. Les COS, Phore, Anger, Razor et Rise m’ont fait une démonstration de la célèbre rigueur germanique avec une organisation réglée comme une horloge.

Ce matin là donc, avec nos sprays nettoyées la veille pour effacer les empreintes, nos gilets fluos et nos cagoules, on est entré dans ce dépôt qui longe un grand parc rempli de joggeurs du dimanche. Une fois dedans, j’ai compris tout ce qui m’avait échappé lors du brief à cause de mon anglais de collégien : nous étions cramés par une tour dès l’enceinte privée franchie. Les gars postés à l’extérieur avec des talkies walkies avaient pour mission de nous alerter quand, inévitablement, arriverait la polizei.

Polizei justement, c’est le wholecar qu’ils ont réalisé ce jour-là, aux couleurs de la police locale, ils y ont même, par souci du détail, ajouté un gyrophare.

Ma photo, c’est eux qui l’ont prise pendant que je finissais, on voit que je remballe avant de décamper. J’ai pas eu le temps de signer. Ça s’est terminé par une cavalcade d’une heure dans le parc avec les keufs aux trousses. Les joggeurs, c’était nous.

#10 No worries, mate

J’ai passé un an à Melbourne. Je n’ai rien vu du reste de l’Australie, à part un rapide aller-retour à Sydney pour un des panels les plus flippant et claqué de ma vie. Mais j’ai sur-squatté cette ville. 99% du réseau qui la dessert, c’est pas vraiment un métro, est en extérieur. Les dépôts le sont donc aussi mais les trains sont parqués derrière d’immenses grillages ré-haussés de fils barbelé. Pas inaccessibles mais de vrais pièges à souris. L’idéal est de faire plusieurs trous à la pince monseigneur pour avoir plusieurs échappatoires. Même pour ceux qui ont la clé. Cette fois là, nous l’avions. J’étais avec Break, un des kings de la ville, et mon pote Libre UMC (Vibes), un parisien expatrié là-bas depuis un bail.

Je crois que c’est la seule expérience qui a failli mal tourner, nos panels ne sont d’ailleurs pas tout à fait finis. Un conducteur arrivé un peu trop tôt sur son lieu de travail, pensait nous avoir enfermés en cadenassant le portail, derrière lequel il nous gardait à l’œil en attendant l’arrivée de la police.

Quand on s’en est aperçu, on a évidemment stoppé nos peintures. Mais plutôt que de quitter la scène du crime par l’un de nos trous prévus à cet effet, Break est parti dans la direction du type et on l’a suivi. On était cagoulé, et malgré le portail entre nous, le driver n’en menait pas large. J’ai pas tout compris de ce que Break lui a dit, mais c’était clairement menaçant et le gars a immédiatement saisi qu’il valait mieux collaborer en nous ouvrant immédiatement le portail. Il s’est exécuté sans faire d’histoire. On est passé un par un devant lui, et on a disparu dans la nuit noire.

#11 Méli-mélo de blazes

Plutôt que de cramer nos blazes ou d’en faire des faux, pourquoi ne pas mélanger nos lettres pour une fois ? Awole a tracé le lettrage, il faut suivre le code couleur des contours pour décoder : Famer – Awole – Santo.

#12 Un plan sans accroc

Je n’ai pas d’histoire particulière sur cette photo. Elle illustre parfaitement l’exemple d’un plan qui se déroule sans accroc : se faire une virée entre potes, avoir le temps de faire son panel ET une pièce collective au nom du crew. Puis, cerise sur le gâteau, ne pas se tromper sur la direction du train et donc sur l’endroit où le retrouver en circulation pour la photo. Quand le jour se lève, et que le train entre en gare sous nos yeux et ceux des voyageurs, c’est la récompense ultime. Personnellement, je ne me suis jamais senti aussi vivant que dans ces moments là…

Plus de photos de Santo ici.