En 1996, un soir d’hiver, je fais ma première sortie avec des bombes. Il faut que je trouve un blaze vite fait. Ce sera Puls. Vu que j’en ai mis un peu partout, j’ai gardé ce nom jusqu’à aujourd’hui. Je considère le Graffiti comme un sport, un défouloir.

Je suis passé par la rue, les trains, les autoroutes, le métro et les terrains… avant de revenir définitivement à la rue. Je m’y acharne depuis un bout de temps sans savoir quand ça va s’arrêter. Je suis peut-être un peu exhib, je préfère peindre le jour que la nuit. La foule me rassure avec ces personnes anonymes qui passent dans mon dos et parfois m’interpellent.

#1 Erreur de débutant

Un jour de grève, on longe les voies de la ligne Paris-Saint-Lazare avec Erbe et Skil. On tombe sur un terrain vague entre Pont-Cardinet et Porte de Clichy. Il est rempli de pièces de différentes époques. Tout semble figé dans le temps. J’y fais mes premières pièces en couleurs. Après avoir fini, j’abandonne mes culs de bombes juste devant ma pièce. Le lendemain, je le retrouve souillé avec mes propres couleurs.

#2 Panel sur PSL

Tout près de ce terrain se trouve un dépôt. On y fait régulièrement des panels sur les petits gris ou les trains bleus. J’étais de sortie avec les 3BM que j’accompagnais de temps en temps. J’ai réussi à finir ma pièce avant que la ferro ne débarque.

#3 Champions du Monde 1998

Je rencontre Verne par un pote en commun. Il me fait entrer BS, mon tout premier crew avec Soyer, Asik, et Erbe. Été 1998, la France est championne du monde. À Porte Dauphine, on découvre le lieu de stockage des géants de la cérémonie d’ouverture de la compétition. On s’y rend en équipe, déterminés à les redécorer. À mon retour de vacances, je me rends compte que cette action a fait un peu parler d’elle dans quelques articles de journaux et dans un reportage de Marc-Olivier Fogiel à ses débuts sur Canal+.

#4 Plan autoroute

Je rencontre des mecs des Hauts-de-Seine, un peu plus âgés que moi, les AJT. C’est ma période avec Kikil, 1tens et Keax. Certains d’entre eux ont le permis, on rôde alors beaucoup les autoroutes.

#5 Coursade à Javel

En pleine après-midi, on peint avec Keax dans la station Javel. Derrière nous, les trains défilent. On prend trop la confiance, on ajoute un fond, puis un sur-contour… quand tout à coup la ferro débarque.

Ils ne sont plus qu’à vingt mètres, on part en trombe. En sortant de la gare, je cours dans une épicerie. Comme un gamin, je me cache derrière le frigo à bières. L’épicier me demande ce que je fous là, interloqué. Je bafouille que je suis poursuivi par la police. Les flics se pointent, mais le mec me sauve la mise.

Il leur explique qu’on vient de tourner juste à gauche, en courant. Il revient dans le magasin et d’une voix posée m’explique que le mieux est de partir à droite. Keax s’en est sorti en se mêlant à la foule.

#6 Camion vierge à Barbès

En 2001, Avec Keax on décide de créer notre crew. En référence aux AJT, on trouve le nom XIT. On fait rentrer nos potes de Paris et d’ailleurs (Erbe, Bump, Barbie, Artik, Licit, Tibz, Distik…). C’est difficile de choisir une photo en particulier pour résumer plus de quinze années d’activité. En 2016, avec Kerel, Keax et Licit, on trouve un camion vierge fraîchement débarqué à Barbès. On a pris notre temps pour faire une grosse pièce.

#7 Au Palais de Tokyo

Je rejoins Teab au Palais de Tokyo. Un spot tranquille au pied de la Tour Eiffel à l’époque des travaux. Pour une fois j’ai une esquisse. J’en fais rarement. On s’applique, chacun sur sa pièce.

#8 Week-end en tunnel

Tous les week-ends avec les XIT, on faisait une ou deux sorties en sous-sol. On a fait toutes les lignes plusieurs fois, sans jamais avoir vraiment de soucis. Il nous arrivait de descendre avec des pots et des rouleaux. Dans les années 2000, la rue était régulièrement buffée, il n’y avait que les tunnels qui restaient. Dans la rame en circu, toujours le nez collé à la vitre… on se reconnaissait comme ça entre gueurtas.

#9 Plan solo sur la ligne 13

J’ai fait quelques métros avec des blazes mythos. Il me reste une photo d’un plan solo sur ma ligne, la 13, que j’ai peinte en 2006. Cette fois là, j’ai dérogé à la règle.

#10 Les camions parisiens

A Paris, il y a toujours eu des camions à peindre. Un support roulant rarement effacé, car la mairie ne s’en est jamais mêlé. Les marchés en regorgent : Belleville, Barbès, Nation… Avec ou sans l’accord du propriétaire, peu importe. On a parfois réussi à faire du biff avec.

#11 Balade dans le Sud de Paris

Le graffiti en solitaire ne m’a jamais freiné, bien au contraire. La plupart du temps, je pars seul peindre des spots que j’ai préalablement repérés dans un périmètre donné. Quand j’ai plus de peinture, je rentre. Ces derniers temps, je me balade beaucoup dans le Sud de Paris.

#12 Cinq minutes top chrono

Jamais plus de cinq minutes : un fat, un cap d’origine, une poubelle trouvée au pied d’un immeuble pour prendre de la hauteur. Il ne sa passe jamais une semaine sans que je fasse de throwup, c’est une drogue. Ce jour-là, je me balade dans le coin de République, sac de sprays à la main. Je trouve ce store fraîchement buffé, idéalement placé. Un coup d’œil à droite, un autre à gauche, le moment semble opportun, je me lance.

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