Je découvre le graffiti et le hip hop à la fin des années 90 en feuilletant Radikal. Je me mets à dessiner avant de prendre les bombes en 2003 à mon arrivée à Nevers, une petite ville située sur la diagonale du vide, dans le centre de la France.

Quand je commence, il y a une grosse scène pour une ville comme celle-ci, en illégal comme en terrain. Pas mal de locaux m’ont marqué : les INK , les NPS, les WWW, les ORS, les T.KON, Kalouf et mon pote Film1 qui m’a appris un tas de trucs au début. Il y avait aussi énormément de passage. La ville était défoncée par Soir2, les NG, les TDI , Walk ZC, et d’autres types venaient cartonner nos trains. Il y a eu dix années d’activité intense. Certains sont devenus des amis, membres de mon crew, d’autres ont arrêté ou sont partis. Cette scène locale, qui d’après mon pote Pit BCBG de Dijon aurait été le New York de la Bourgogne, n’est plus que l’ombre d’elle même…

Je ne suis pas un artiste, la peinture est un exutoire pour moi, une sorte de thérapie peut-être. Je ne suis pas bloqué sur un style. Mes influences sont diverses. Je ne m’inscris pas dans une démarche en particulier autre que celle de peindre, parce que j’aime ça. Je veux juste faire en sorte de ne pas trop me prendre la tête : après tout je ne fais que des dessins sur des murs.

#1 Le mur du Géant

Il y a un vieux terrain à Nevers, le mur du Géant, un spot toléré. Quand j’ai commencé en 2003, je flippais de repasser les pièces des anciens de peur de me faire embrouiller, du coup je me suis posé sur une baraque dans le prolongement du mur. Recouverte de tags, elle me paraissait à l’abandon. En réalité, elle était habitée ce qui m’a valu un remontage de bretelles par Sueno à l’époque. Depuis, je croise régulièrement le type qui l’habite toujours et avec lequel je bois des canons au bar. Ce chrome est toujours là, même s’il a été toyé depuis, j’y suis toujours attaché.

#2 Fermeture du bar

Un soir d’Avril 2007, on se retrouve au pub avec Bonx, Volume et notre pote Guiz qui y bossait. Après quelques verres, on se motive pour aller peindre des trashs dans un bled proche de chez nous. Bonx, complètement rond, décide de repasser chez lui pour faire je ne sais pas quoi, on ne l’a jamais revu… On se motive tout même à y aller avec Volume. Notre pote Guiz, qui ne peint pas mais qui aime bien ces ambiances, nous demande d’attendre la fermeture du bar pour nous accompagner. On reste une bonne heure de plus à picoler dans le rade après sa fermeture. Du coup, quand on arrive sur le spot, on est pas mal. Bien enflés, on peint péniblement nos pièces avec Guiz qui braille comme un ouf, paye ta discrétion. Il nous taxe des beubs pour faire quelques tags sur les trains et s’amuse à me mettre des coups de sprays sur les fringues. Ça m’a coûté un 501 tout neuf cette comédie. On a bien rigolé cette nuit là. Depuis Guiz nous a quittés.

#3 Spot vierge

Je peins dans un spot vierge immense, le paradis. À la moitié de ma pièce, deux types en bleu de travail débarquent. Dans un premier temps, nous sommes tous les trois surpris. Les mecs me font la morale, me disent que je n’ai rien à faire là, que c’est dangereux. Ils m’expliquent qu’ils sont ici en prévision de la destruction des bâtiments. Ils ont fini par me poser des questions sur le graffiti et ont même testé les bombes. J’ai pu terminer ma pièce peinard pendant que les types bossaient.

#4 Réunion PX

Orléans 2017, première et unique fois que les douze membres des PX sont réunis au complet, alors que le crew existe depuis 2012. Nous sommes dispersés de Vannes jusqu’à Nevers en passant par Tours, Orléans et Mars pour certains. C’est très compliqué de tous se réunir. Parfois, je me dis que si on se voyait plus souvent on finirait par se foutre sur la gueule. Allez mettre douze connards ensemble, on n’imagine pas le bordel que c’est. Le reste du temps, ces types me manquent.

#5 Pause clope

Fin 2016, alors que je commence une peinture au mur du Géant, j’aperçois un type sur la digue qui surplombe le spot. Il regarde toutes les pièces du mur avant de descendre et se caler derrière moi. Le mec me téma en train de peindre et ça me gave un peu. Au bout d’un moment, il me demande si je n’ai pas une clope à lui filer. Il se présente : Peter BCBG. Un mec originaire de Dijon dont mon pote Fleuj m’avait parlé. J’ai terminé ma peinture en discutant avec lui, on a fini dans un bar du centre-ville à refaire le monde. Ce jour là, j’ai rencontré un super type, on est devenus potes. C’est grâce au graffiti que je peux faire ce genre de rencontre.

#6 Planet-X

Mon crew, mes potes. PX signifie principalement Planet-X ou Provinciox. On est quatorze types, quatorze connards : Kid Faisan, Roya, Fleuj, Les Gens, Ovale, Teaze, Rwick, Greky, J.Keuz, Lemat et moi pour la partie graffiti. Il y a aussi Paik, Helder et Ypsos qui sont des potes. Quatorze personnalités aussi différentes que nos styles. Mais que des bons ! Certains d’entre nous se côtoient depuis plus de dix ans, d’autres depuis quelques années. Nous sommes éloignés pour la plupart, ce qui nous donne l’opportunité de bouger pour se retrouver. Il y aussi quelques inconvénients, c’est parfois dur de ne pas être entouré par ses potes. En parallèle du graffiti, certains s’investissent dans des projets persos. On a la chance d’avoir au sein des PX deux bon tatoueurs, Lemat et Kid Faisan. J.Keuz fait de la musique, il a son propre label, Warooba Records. C’est également le parolier du duo Scoop & J.Keuz. Pour les amateurs de rap, ils ont sorti trois très bons albums dispos sur Deezer et iTunes. Ypsos est aussi dans le son du côté de Bruxelles. Il a sorti un album intitulé 10ème Étage. Fleuj fait du make up dans le cinéma de temps en temps. Il a également réalisé en 2013 un documentaire sur le hip hop au Burkina, Segtaab Rap, Au pays des hommes intègres, à voir.

#7 Jam improvisé à Tours

En 2015, Ovale, le bout-en-train d’la bande improvise un jam à Tours. À la moitié de ma pièce, je vais peindre sur les trashs à deux pas du spot avec Ylar, un gars que je ne connais pas. Je n’ai jamais vu un mec peindre aussi vite et bien. Le type te blase, tu commences à peine ton remplissage qu’il a déjà terminé sa pièce, en plus ça tue. Ou c’est peut-être moi qui suis lent et mauvais…

#8 Relique

Les seuls graffs qu’il reste au spot où j’ai croisé les deux types en bleu de travail.

#9 Période bizarre

En 2017, je passe le nouvel an à Nantes avec une partie des PX. Je traversais une période bizarre dans ma vie, ça m’a simplement fait du bien d’être là avec mes potes.

#10 Rebelle de la société

En 2015, Klain et Kew viennent de Montpellier pour un week-end à Nevers. Au programme : tatouage, peinture et bon resto. Le samedi, sur un coup de tête, on part retrouver Kid Faisan à Orléans. Après la peinture et un cassage de bide au japonais, l’envie nous prend de peindre un train. La veille, avec Klain on avait rôdé un modèle bien calé dans ma ville et on en parle à Kid Faisan. Retour à Nevers. Sur le trajet, Kid Faisan me demande de faire un détour pour récupérer Fleuj qui est à une résoi dans un bled nul du terroir Nivernais. Ça ne m’enchante pas des masses. On rigole bien jusqu’à ce que je me fasse flasher par un radar fixe. Tel un rebelle de la société et vexé sans doute, je décide de bomber le radar. Mais pas le train… Flippé d’avoir été le dernier flashé avant que le radar ne soit peint (je me disais que les flics feraient le lien), j’ai préféré rentrer chez moi psychoter. Paye ta comédie. Quatre-vingt-dix balles, un point en moins, pas de panel et les autres qui se foutent de ma gueule.

#11 Appart avec vue

Avec Régis et deux potes de passage, on a peint ce trash dans ma ville en 2011. Par la suite, je vais voir ce panel tous les jours par la fenêtre d’un appart que j’ai décidé de louer parce que j’avais une vue imprenable sur le podé.

#12 Dernier mur

Le dernier mur que j’ai peint au moment où j’ai envoyé mes photos à Drips.

Plus de photos de Hofs ici.