Je commence à m’intéresser au graffiti au début des années 2000, seul, en voyant des tags dans les rues de ma petite ville. Mon petit plaisir était de voir mes tags sur le chemin du collège. Je suis rapidement attiré par l’aspect vandale et les trains. Je rencontre quelques gars avec lesquels on lance le crew CU. Je posais Mesk1 à ce moment là. Au programme des vacances scolaires, photos prises au jetable, flash en option, coursades avec les flics dans les égoûts, et journées interminables dans les différents squats du coin. Très rapidement, on se crée un style complètement décalé. C’est peut être dû au fait que l’on vient d’une petite ville, pas vraiment dans l’esprit hip hop.

On voulait vraiment sortir du lot. Suivent les débuts d’Internet, on matait des sites de graffiti des pays de l’Est qui nous ont beaucoup influencés. En s’amusant à mettre des drapeaux slovaques dans nos peintures, les gens se demandaient si on venait vraiment de là-bas. Vers 2006, le CUSPORT est enfin créé, on disait de nos graffs qu’ils étaient sportifs. A ce moment là, je me trouve un nouveau pseudo, plus décalé, Digital. On se met à faire de nombreux voyages graffiti/train/alcool/drogue et rigolade, en avion ou en Interrail. Suivent pas mal de rencontres dans la vingtaine de pays visités, beaucoup de cuites dans les pays de l’Est et des coursades intenses à en vomir en Espagne. On explore particulièrement la Catalogne en faisant une soixantaine d’allers-retours en quatre ans. À Gérone, une véritable famille nous accueillait. On a aussi enchainé plusieurs Interrails avec de faux tickets (parfois très mal faits) à dormir sous les ponts, ou dans la rue, par terre sur des cartons, bouteille de vin en main. On se lavait quand vraiment on ne pouvait plus supporter notre propre odeur. Au fil des années, on a essayé de garder un bon esprit et de ne pas prendre la grosse tête comme certains. Pour preuve, on a toujours mis le crew en avant plutôt que nos pseudos respectifs. J’ai passé cinq années à ne faire que des CUSPORT plutôt que des Digital. Aujourd’hui je suis un peu plus posé, par choix et surtout parce que je n’ai plus le droit à l’erreur. Je me concentre sur des expos dans de nombreuses villes, à l’étranger parfois. Mais je reste accro au graffiti légal ou illégal, dur dur de décrocher.

#1 Ignorant Style

End-to-end dans le Sud de la France sur un des plus beaux modèles. C’était en 2001 avec Spek, Nore et Pif. J’adore le panel de Pif, c’est lui qui a inventé l’Ignorant Style. Un très bon souvenir de cette époque. Ils nous avaient garé le TER tout au fond du dépôt ces idiots.

#2 Virée nocturne à Porto

A peine arrivés à Porto, on se fait péter par les flics pour un tag dégueulasse sur un garage Renault. Au bout d’une longue négociation, nos amis de la police locale nous laissent partir avec toutes nos sprays. Fous de joie, on se fait un petit store avec Agrume et Paste.

#3 Les chiens aboient, le Camelo passe

Un panel sur un joli Camelo à quelques kilomètres de Porto avec des amis du coin. Dans la campagne portugaise, ils ont tous un chien qui aboie fort et longtemps. Tout le quartier savait qu’on était là.

#4 Cusport Cubi

Avec les TRC et les TPA, dans le Sud de la France. Pour ne pas se déshydrater en peignant, on est venu avec notre petit cubi de vin blanc.

#5 Tout va bien

Dans la montagne avec Viril en plein hiver, le froid nous paralysait les doigts. Mon acolyte a tout de même réussi à frapper une douille devant le train. Tout va bien.

#6 Tant qu’il y a du chrome

 

Wholecar CUSPORT FLIPAS peint avec Viril, Zoft et Veal, des amis espagnols de Gérone. On a rempli le S tant qu’il restait du chrome.

#7 Peinture sur la plage

Un petit chrome à la mer qui date de cet été. Quand je pars en vacances et que je fais les valises, je mets toujours des sprays en scred au milieu des jouets de plage de ma fille. Ma copine me regarde d’un sale œil, je lui dis que je les prends au cas où. On fait tous ça, non ?

#8 Folklore albigeois

Le folklore est bien présent à l’Urban Festival d’Albi, avec une concentration de shlags impressionnante au mètre carré.

#9 Panel bi-goût

Dans le sud de la France avec Rinck, Tales et Cerso, un panel au contour bi-goût. Une voiture crame dans la cité d’à côté, il fait chaud.

#10 Histoire d’amour

C’est une histoire d’amour qui dure depuis de nombreuses années entre les CUSPORT, les PERCH et les GRK. J’ai peint ce panel en 2008 avec Deja et Zoft en Espagne.

#11 le train le plus moche d’Espagne

En Espagne, j’ai réussi à peindre le modèle de train le plus moche avec Slok, mon pote parisien.

#12 Es un país, tío

Un panel avec le drapeau catalan pour se souvenir que le nord de l’Espagne, ce n’est pas l’Espagne mais la Catalogne. Es un país, tío ! C’est très important pour eux. Indépendantistes purs et durs. Nous étions une dizaine de personnes sur ce coup là, des gars de Barcelone, Gérone et trois français. Six heures du matin, le conducteur arrive, démarre le train et tape à la vitre pour me dire de partir. On finit tranquillement.

Plus de photos de Digital ici.